vendredi, février 23

Coopération trilatérale bien repartie

Les dirigeants sud-coréen, chinois et japonais se sont mis d’accord dimanche 31 octobre 2015 pour intensifier leurs coopérations commerciales et sécuritaire, lors d’un sommet trilatéral à Séoul.

Mettant de côté leurs rivalités historiques et territoriales, de nombreux sujets ont été évoqué entre la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye et les Premiers ministres japonais et chinois, Shinzo Abe et Li Keqiang, allant du libre-échange au programme nucléaire nord-coréen.

Rencontre entre Li Keqiang (Chine), Park Geun-Hye (Corée du Sud) et Shinzo Abe (Japon), en novembre 2015

Interrogé sur RFI, Guibourg Delamotte, maître de conférences à l’Inalco, l’Institut national des langues et civilisations orientales, a expliqué que ce sommet est « déjà un succès en soi, parce que ces réunions n’ont pas eu lieu depuis trois ans, elles ont été créées en 2008 et suspendues en 2012. C’est déjà un progrès parce qu’il y a beaucoup de questions dont ces trois pays doivent débattre, parler, et donc le simple fait qu’il y ait déjà une réunion, c’est le signe que le dialogue est renoué ».

Un sommet symbolique

Aucun accord particulier n’était attendu, car sa tenue était surtout considérée comme symbolique, au vu des différents opposant les trois pays. Cependant, les trois dirigeants se sont accordés dans une déclaration commune, dans laquelle, ils affirment partager « l’idée que la coopération trilatérale a été complètement restaurée à l’occasion de ce sommet ».

Raison pour laquelle, ils ont décidé d’installer un sommet trilatéral chaque année pour échanger et s’accorder dans différents domaines. Le prochain sommet devrait se tenir en 2016 au Japon.

Ce sommet a été lancé en 2008, afin de conserver des liens économiques et commerciaux forts, dans un contexte de crise économique et financière internationale, mais en raison des tensions entre Séoul et Tokyo, et entre Tokyo et Beijing, aucun rassemblement trilatéral n’a eu lieu depuis 2012.

Ce rassemblement est surtout celui des trois plus grandes économiques d’Asie du Nord-est, qui ont décidé d’intensifier leurs échanges dans la région, afin de faire face aux difficultés économiques occidentales. En effet, la Chine, le Japon et la Corée du sud ont engagé une politique de régionalisation visant de s’assurer une croissance économique et un co-développement.

Pour le directeur général de l’Institut mondial de la croissance verte (GGGI), Yvo de Boer, l’économie prend pas le sur le diplomatique. En effet, « les problèmes du passé doivent être reconnus, les pays doivent cependant aller de l’avant, vers un développement économique et environnemental ».

Ce dernier a expliqué dans une interview accordée à l’agence de presse coréenne Yonhap, qu’il « existe une opportunité unique et positive pour la Corée du Sud, la Chine et le Japon de faire la transition vers des économies plus propres et vertes, dans l’intérêt de la protection de l’environnement ».

D’autant plus que ces trois pays « pourraient réaliser une croissance verte en coopérant plus étroitement dans le secteur de la technologie », ainsi la Corée du Sud pourrait résoudre son problème de pollution si elle fournit à la Chine les technologies permettant de réduire ses émissions, souligne Yvo de Boer, d’autant qu’environ 60% de la pollution en Corée du Sud provient de la Chine.

Normaliser le processus de coopération

L’économie était au cœur des discussions, alors que Beijing connaît un net ralentissement de son économie et souhaite pour relancer la machine accroître ses relations commerciales avec le Japon et la Corée du sud. Pour se faire, l’Empire du milieu compte sur l’engagement prit en faveur d’un accord trilatéral de libre-échange. Déjà évoqué en 2013, cet accord devrait se mettre en place rapidement, selon le communiqué commun publié à la suite du sommet. Si tout se passe bien, cet accord pourrait concurrencer le traité de libre-échange trans-pacifique (TPP) signé par les États-Unis et le Japon, sans Séoul ni Beijing.

Conscients de la nécessité de développer des relations stables et pérennes entre eux, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a mis en exergue « la normalisation du processus de coopération trilatérale », visant à faire face aux soubresauts de l’économie mondiale. D’ailleurs, ce dernier s’est félicité de la tenu de ce sommet, organisée pour la première fois depuis 3 ans et demi.

De son côté, Li Keqiang a souligné la volonté commune de traiter les questions sensibles, notamment historiques, et d’accroître les partenariats bilatéraux et trilatéraux dans tous les domaines. Pour ce dernier, « les coopérations doivent découler d’une confiance politique mutuelle, laquelle n’est possible qu’à partir d’une vision correcte de l’Histoire ».

Un concept reprit par la présidente sud-coréenne, qui a indiqué que cette réunion a été l’occasion pour la Corée du Sud, le Japon et la Chine de s’engager « à promouvoir ensemble la paix et la sécurité en Asie du Nord-est ainsi qu’à coopérer en se basant sur une conscience historique correcte, l’esprit tourné vers l’avenir ».  

D’ailleurs, la 2nde visite d’un haut dirigeant chinois en Corée du Sud (en 2014, Xi Jinping s’est rendu à Séoul) met en avant la volonté de Beijing de donner la priorité à la Corée du Sud et ainsi exprimer son agacement croissant vis-à-vis de l’imprévisible régime de Pyongyang.

D’autant que les trois dirigeants ont affirmé leur opposition ferme au développement d’armes nucléaires sur la péninsule coréenne. Park Geun-Hye a indiqué que cette réunion avait constitué un grand pas pour la paix et la sécurité en Asie du Nord-est, car « nous partageons cet intérêt (…) et nous devons garder pour objectif de dénucléariser la Corée du Nord« , a-t-elle assuré.

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