jeudi, mars 28

« La Chine occupe toujours une place privilégiée » à La Réunion

Lynda Lee Mow Sim, conseillère régionale, déléguée à l’ouverture sur le monde et l’est de l’Océan Indien (Inde, Chine, Australie) revient pour Chine-Magazine.cm sur le bilan de la précédente mandature à la Région Réunion et les perspectives de la collectivité dans le domaine de la coopération avec l’Empire du milieu.

Au cours de ces six dernières années, de nombreux représentants chinois ont visité l’île, comment expliquez-vous ce regain d’attention pour La Réunion ?

Il y a tout d’abord, à mon sens, une attention presque naturelle en raison des liens forts qui unissent La Réunion et la Chine, ne serait-ce qu’au plan historique et culturel. En effet, la communauté chinoise de La Réunion est bien ancrée dans l’histoire de l’île. Arrivés dans l’île dans la deuxième partie du XIXème, les Chinois de La Réunion ont réussi une ascension économique et sociale à force de travail, et occupent une place importante au cœur de la société réunionnaise, où la communauté est très impliquée.

collistiers-flat-lynda-lee-mow-simNous le voyons par exemple au travers du dynamisme de ses acteurs, je pense par exemple à la Fédération des Associations Chinoises de La Réunion, créée en 1999 à l’initiative de plusieurs associations de Réunionnais d’origine chinoise, et qui travaille aujourd’hui avec plus d’une vingtaine d’associations culturelles, cultuelles, sportives et économiques, dans un fort esprit de rassemblement, de valorisation et de représentation réussi.

La Région Réunion encourage ces liens en apportant son soutien financier aux échanges culturels entre La Réunion et la Chine. Notre collectivité célèbre également chaque année le nouvel an chinois. Cette année, par exemple, le Président de Région Didier Robert et la Présidente du Département Nassimah Dindar ont convié près de 2 000 personnes pour la Fête des Lanternes à l’occasion de l’Année du Singe.

Au cours des six dernières années, ces représentants chinois ont été nombreux à visiter l’île, parmi lesquels JIA Qinglin (n°4 dans la hiérarchie chinoise, Président de la conférence consultative politique du peuple chinois), en avril 2010, et WU Bangguo (n°2 dans la hiérarchie chinoise, président du comité permanent de l’assemblée populaire chinoise), en mai 2011. Ce début d’année 2016 est déjà très riche en termes de personnalités chinoises accueillies avec la visite de Son Excellence Zhai Jun, Ambassadeur de Chine en France, et une délégation de l’Association du Peuple Chinois pour l’Amitié avec l’Étranger (APCAE).

L’ensemble de ces visites officielles témoigne du renforcement des liens d’amitié entre La Réunion et la Chine. Dès 2010, le Président de Région Didier Robert a fait de la Chine l’un des 5 pays cibles de sa politique de coopération, avec la volonté de mettre l’accent sur le renforcement des échanges économiques, tout en confortant les relations culturelles et éducatives existantes.

La Chine occupe toujours une place privilégiée dans le cadre du projet de la nouvelle mandature, dont l’un des 7 piliers est entièrement consacré à la coopération régionale et à l’ouverture sur le monde.

Quel bilan, tirez-vous des relations entre la Chine et La Réunion ?

Je soulignerai trois points importants, et d’abord l’étape historique franchie avec la Ville-Province de Tianjin.

La Collectivité a concentré ses efforts en direction de la Municipalité de Tianjin qui a été mandatée par le gouvernement de Pékin pour engager une coopération étroite avec La Réunion. Une nouvelle étape décisive a été franchie avec la signature d’un accord cadre de jumelage entre la Région Réunion et la Municipalité de Tianjin le 10 septembre 2014.

Cette signature fait suite aux nombreuses initiatives régionales prises et soutenues en direction de la Chine, telles que les missions économiques et institutionnelles, la facilitation des procédures de visas pour les touristes chinois, l’accueil de hauts dignitaires à La Réunion à plusieurs reprises, ou encore, par exemple, la participation d’acteurs réunionnais aux salons China Import Expo en 2013 et 2014.

Le deuxième élément clef, ce sont les avancées majeures réalisées, sous l’impulsion de la Région Réunion, sur les sujets en lien avec le secteur du tourisme : installation d’un Consulat Général de la République Populaire de Chine (inauguré en février 2010); reconnaissance par la Chine de La Réunion comme Destination Touristique Autorisée (DTA) en juillet 2011; facilitation des procédures de visas pour les touristes chinois, et exemption de visa en faveur des ressortissants chinois dans le cadre de séjours d’une durée de moins de 15 jours organisés par le biais d’une agence agréée.

Dans le domaine du tourisme, je souhaite évoquer les deux trophées que vient de recevoir La Réunion et qui constituent un excellent vecteur de communication pour la destination et contribuent au développement de la notoriété de l’île sur le marché chinois: d’une part, La Réunion a été élue « meilleure destination de pleine air » par plus de 100 000 voyageurs lors du Top Magazine Ceremony, d’autre part elle a été hissée au top 3 dans la catégorie « meilleure destination lune de miel au monde » par le site Qyer.com et China National Geographic. La Réunion présente des vrais atouts qui intéressent le touriste chinois : la nature, l’air, le patrimoine, les paysages, le vivre ensemble, sa modernité dans l’Océan Indien ..)

De gauche à droite, Robert Thiaw Wing Kai (FAC Réunion), Lynda Lee Mow Sim (Conseillère régionale), Yuan Mindao (président APCAE), Didier Robert (Président Région Réunion), Wei Guo (ambassadrice de Chine à St Denis) et des membres de la délégation de l'APCAE
De gauche à droite, Robert Thiaw Wing Kai (FAC Réunion), Lynda Lee Mow Sim (Conseillère régionale), Yuan Mindao (président APCAE*), Didier Robert (Président Région Réunion), Wei Guo (ambassadrice de Chine à St Denis) et des membres de la délégation de l’APCAE

Le troisième élément clef, c’est celui d’un engouement qui ne faiblit pas. Il y a quelques jours, j’ai représenté le Président de Région Didier Robert au China Business Day organisé par la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion. Les 80 entreprises présentes ont pu échanger sur les opportunités d’affaires, les secteurs porteurs, les pratiques des affaires et relations interculturelles. Outre les éléments de bilan indiqués, l’engouement que j’ai à nouveau constaté en direction de la Chine laisse présager de belles perspectives pour l’avenir dans le cadre de la coopération Réunion-Chine.

La Réunion dépend de la politique étrangère nationale, cela ne freine-t-il pas la coopération sino-réunionnaise ? Est-il possible pour la Région Réunion d’établir une coopération propre à l’île avec la Chine ?

La coopération régionale restera pour les six prochaines années de la nouvelle mandature qui s’est ouverte en décembre, un pilier de l’action de la Région Réunion. Pour son Président, Didier Robert, cette volonté politique forte doit pouvoir désormais sur le plan franco-français, s’accompagner d’une réelle liberté de décider et d’agir au nom de la collectivité sur le champ des relations internationales à des fins économiques. Le Président Didier Robert plaide ainsi pour une vraie liberté laissée à notre collectivité de pouvoir nouer et entretenir des relations directes.

Sur le champ économique, sur celui des actions de coopération décentralisées, ce sont bien les collectivités locales de La Réunion qui doivent se retrouver en première ligne, dans le cadre d’une décentralisation renforcée et d’une plus grande compétence que nous confère la loi sur ces sujets.

Que pensez vous du statut d’observateur de la Chine au sein de la Commission de l’Océan Indien? Selon vous, cela va-t-il changer quelque chose dans les rapports avec les pays de la zone ?

Le 31e Conseil des ministres de la Commission de l’océan Indien (COI), organisé à La Réunion le 26 février 2016, a accordé le statut d’observateur à la République populaire de Chine. Il s’agit d’un signe supplémentaire du rôle grandissant de la Chine sur la scène internationale.

Cette décision ne peut qu’entraîner des retombées positives sur nos rapports avec la Chine. C’est une décision qui a déjà un impact positif, ne serait-ce que par l’effet levier engendré. Je sais par exemple que l’Inde demande actuellement à obtenir ce statut. La COI réunira ainsi peut-être prochainement les deux puissances que sont la Chine et l’Inde.

Il nous revient de discuter, d’échanger, travailler ensemble à une optimisation de ce statut d’observateur, pour des déclinaisons positives concrètes pour les pays de la zone. Je pense que cela fera partie des priorités du nouveau Secrétaire Général de la COI à compter de juillet prochain et nous l’accompagnerons bien sûr dans cette démarche.

*APCAE : Association du Peuple chinois pour l’Amitié avec l’étranger

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