jeudi, février 22

La Chine serait mieux perçue que l’Europe en Afrique

L’engagement de la Chine en Afrique, qui répond aux besoins prioritaires des populations, est mieux perçu par les décideurs politiques africains que celui de l’Union européenne (UE), selon une enquête publiée en juin 2022 par la fondation allemande Friedrich Naumann.

Réalisée auprès d’un échantillon de 1014 décideurs politiques issus de 25 pays situés dans les diverses sous-régions du continent, l’enquête montre que la Chine obtient des scores bien supérieurs à ceux de l’UE. En effet, les personnes sondées considèrent comme que les «besoins prioritaires» du continent africain sont mieux pris en compte par la Chine.

Ainsi, la construction des infrastructures, la rapidité d’achèvement des projets et la non-ingérence dans les affaires politiques internes des États africains sont des éléments essentiels pour les dirigeants africains.

DES CHINOIS PLUS EFFICACES MAIS PAS PARFAITS

75,2% des décideurs africains interrogés estiment que la Chine prend des décisions rapidement contre 55,8 % pour l’Union européenne, selon l’étude intitulée «Le choc des systèmes – La perception africaine de l’engagement de l’Union européenne et de la Chine» (The Clash of systems – African perception of the European Union and China engagement).

81,1% considèrent que les entreprises chinoises achèvent leurs projets dans les délais contre 69,4% pour leurs concurrentes européennes. Ainsi, la Chine est aussi perçue comme le partenaire économique de l’Afrique qui contribue le plus au développement des infrastructures sur le continent, à 85,5% contre 64,2% pour l’UE.

L’étude réalisée par l’Institut kényan Inter Region Economic Network (IREN) pour le compte de Friedrich Naumann fait également ressortir que 50,1% % des décideurs interrogés pensent que les Chinois s’ingèrent dans les affaires internes des États africains contre 64,4% pour les Européens.

L’enquête montre aussi que 55,2% des personnes sondées notent que les entreprises chinoises recourent à la corruption pour remporter des contrats en Afrique contre 32,5% pour leurs homologues européennes.

Toutefois, l’Union européenne est mieux considéré que la Chine en matière de soutien à la croissance du secteur privé en Afrique, avec 38,7% d’avis positifs contre 24% pour la Chine. Les Européens sont aussi mieux perçus par les décideurs africains vis-à-vis des normes sociales, de l’emploi de main-d’œuvre locale, des normes environnementales, de la qualité des produits et des services, du traitement des Africains, du respect des droits de l’Homme et de l’égalité des sexes.

Globalement, les décideurs politiques africains interrogés dépeignent l’Europe comme un partenaire qui «cherche avant tout à exporter des valeurs vers l’Afrique», alors que la Chine souhaite «changer la situation sur le terrain, avec des chemins de fer, des routes, des ponts, des ports, des barrages et des gratte-ciels».

QUATRE INDICATEURS DÉCISIFS POUR LES AFRICAINS

Sur 17 indicateurs de comparaison entre l’engagement de la Chine et celui de l’UE en Afrique retenus par l’étude, les chinois ne sont en tête que dans quatre domaines. Les chinois prennent des décisions plus rapidement, mettent en œuvre des projets plus rapidement, s’ingèrent moins dans les affaires intérieures – et ont moins de scrupules à recourir à la corruption, qui, selon la perception des personnes interrogées, est aussi utilisée par les entreprises européennes.

Pour l’économiste James Shikwati et co-auteur de l’étude, «de toute évidence, ces quatre indicateurs sont les plus décisifs, …. sinon rien ne peut expliquer le succès des Chinois en Afrique».

Le fondateur et directeur général d’IREN a indiqué que «si l’UE dépasse la Chine sur la plupart des indicateurs de performance, Pékin continue de gagner du terrain en Afrique. Ce paradoxe apparent s’explique facilement : de toute évidence, les aspects de la coopération où la Chine est forte sont les plus pertinents pour les partenaires africains. La Chine se concentre sur de grands projets matériels, tandis que l’Europe se concentre sur des projets plus petits et souvent plus abstraits».

Selon lui, «l’UE est prisonnière de ses propres valeurs, imposant à l’Afrique sa propre vision du monde. Et ce faisant, elle n’est pas en mesure d’écouter les besoins de la population africaine. De l’autre côté, nous avons les Chinois qui se concentrent surtout sur ce que l’on appelle le matériel, c’est-à-dire les infrastructures qui peuvent transformer l’Afrique».

«De toute évidence, les quatre indicateurs dans lesquels la Chine arrive en tête sont les plus décisifs. Sinon rien ne peut expliquer le succès des Chinois en Afrique. L’Union européenne parle de valeurs, mais si une route achevée mène à un village, c’est aussi une valeur», a souligné Stefan Schott, chef de projet au sein de la fondation Friedrich Naumann.

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