jeudi, mars 28

La décision concernant Meng Wanzhou aura des répercussions

David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine entre 2009 et 2012, a déclaré que la décision dans le dossier d’extradition de la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou pourrait déterminer le sort de deux canadiens détenus en Chine.

Ce dernier a indiqué que si Mme Meng est libérée, il s’attend à ce que la Chine finisse par emboîter le pas et libérer Michael Kovrig et Michael Spavor. «Je crois que les Chinois attendraient quelques mois, mais fermeraient rapidement les dossiers contre les deux Canadiens et ils pourraient rentrer à la maison», a déclaré David Mulroney.

La détention de Michael Kovrig et Michael Spavor a été largement perçue par les canadiens comme des représailles contre le Canada pour l’arrestation de Meng Wanzhou, à la demande de la justice américaine.

Si le dossier de la directrice de Huawei passe à l’étape suivante, David Mulroney dit qu’il craint que la Chine choisisse de poursuivre plus activement les deux Canadiens pour les accusations de sécurité nationale auxquelles ils sont confrontés.

Meng Wanzhou, directrice financière chez le géant chinois Huawei

Bien que l’arrestation de Meng Wanzhou en décembre 2018 ait nui aux relations sino-canadiennes, David Mulroney croit que le comportement de la Chine au cours de la dernière année a eu pour effet de «dissocier» l’affaire de son influence initiale sur les relations bilatérales.

«Je pense que si Mme Meng devait retourner en Chine, cela signifierait probablement de bonnes nouvelles pour les deux Michael, mais je ne pense pas que cela changerait ou devrait changer les relations Canada-Chine», a déclaré l’ex-ambassadeur, qui est également membre distingué de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto.

«Je pense que même les plus ardents sympathisants chinois ont été contraints de réanalyser les choses et, je crois, forcés d’admettre qu’il n’y a pas de retour à un statu quo. Il n’a jamais existé et la Chine est tout sauf un partenaire normal», a estimé le diplomate.

De son côté, la juge Heather Holmes de la Cour suprême de la Colombie-Britannique devrait rendre sa décision dans le dossier de la soi-disant double incrimination ce 27 mai, à Vancouver.

Les arguments juridiques sur la double incrimination visent à déterminer si les allégations auxquelles elle est confrontée aux États-Unis constitueraient un crime au Canada. La décision pourrait conduire à sa libération ou pourrait lancer une nouvelle série d’arguments juridiques, notamment sur la question de savoir si son arrestation à l’aéroport de Vancouver en décembre 2018 était illégale.

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Les États-Unis l’ont accusée de fraude en raison d’allégations selon lesquelles elle aurait violé les sanctions américaines contre l’Iran, ce qu’elle et la direction du géant chinois des télécommunications, Huawei, ont nié.

Ses avocats ont fait valoir que le tribunal devrait rejeter l’affaire parce que le Canada a rejeté des sanctions similaires. Cependant, la Couronne a déclaré que le rôle du juge était de déterminer s’il y avait des preuves de fraude.

Pour sa part le premier ministre, Justin Trudeau, a indiqué que les discussions diplomatiques sont continuelles avec les États-Unis et la Chine, notamment en ce qui concerne la détention des Canadiens en Chine.

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«Un des avantages d’avoir un système de justice tout à fait indépendant, c’est que nous n’avons pas à expliquer ou à faire des excuses pour notre système», a déclaré Justin Trudeau. «Nous avons confiance dans le jugement et dans le travail que font les gens dans notre système judiciaire indépendant», a-t-il poursuivi.

Mais le porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a décrit l’arrestation de Meng Wanzhou comme étant politique et il a mis en garde contre d’éventuelles conséquences si elle n’était pas libérée.

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«Les États-Unis et le Canada ont abusé de leur traité d’extradition et ont pris des mesures impératives arbitraires contre une citoyenne chinoise, sans motif», a affirmé le porte-parole selon une transcription publiée en ligne par le ministère.

«La partie canadienne devrait immédiatement corriger son erreur, libérer Mme Meng et s’assurer qu’elle rentre en sécurité en Chine rapidement afin d’éviter tout nouveau tort dans la relation entre le Canada et la Chine», aurait-il ajouté.

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