dimanche, avril 21

Le fonds chinois NSIG abaisse sa participation dans le français Soitec

Le fonds d’investissement chinois NSIG a réduit sa participation dans le capital de Soitec sous le seuil symbolique de 10%.

Fondée en 1992, Soitec est une entreprise française développant une expertise dans le domaine des matériaux de semi-conducteurs.

Cette opération pose un certain nombre de question sur l’avenir du partenariat technologique et industriel entre le spécialiste français des substrats électroniques et le chinois Simgui.

Le capital de Soitec, spécialiste français des substrats électroniques à hautes performances, évolue à la marge. Le fonds d’investissement chinois NSIG a abaissé sa participation à 9,37%, contre 10,35% auparavant.

L’opération a été réalisée le 9 mars, avant l’effondrement de la Bourse suite à la faillite de la banque SVB aux Etats-Unis. Elle a été notifiée à l’Autorité des marchés financiers (AMF) le 13 mars.

NSIG est entré dans le capital de Soitec en mai 2016 à la faveur d’une augmentation de capital de 152 millions d’euros destiné à renflouer les caisses de la société française et à financer son recentrage sur les marchés de l’électronique.

L’ancien directeur général, Paul Boudre, voyait l’arrivée d’un fonc chinois comme une pportunité d’entrer dans l’immense marché chinois. D’ailleurs, ce partenariat capitalistique a été jumelé à un partenariat technologique et industriel avec Simgui, une des sociétés détenues par NSIG, pour la production en Chine, sous licence de Soitec, de plaquettes de silicium sur isolant de 200 mm de diamètre.

Le fonds chinois reste le deuxième actionnaire de Soitec derrière Bpifrance, qui détient 10,35% du capital, mais devant le CEA ( 7,32%). Cette opération intervient après l’expiration en juillet 2021 du pacte des actionnaires.

«Elle est symbolique car elle ramène sa participation en dessous du seuil fatidique de 10%. Elle renvoie un message clair : vous n’avez pas voulu renouveler le pacte des actionnaires, j’en prends note et réduis ma participation au capital», a expliqué Frédéric Genevrier, analyste financier chez OFG Recherche, au site L’Usine Nouvelle.

Soitec a indiqué à L’Usine Nouvelle avoir été informée au préalable de ce mouvement et a assuré que l’opération n’aura aucune incidence sur la gouvernance de la société. Elle précise cependant ignorer les intentions à long terme de son actionnaire chinois.

Depuis juillet 2022, NSIG ne possède plus qu’un seul représentant au conseil d’administration, comme Bpifrance, alors qu’il en avait deux auparavant. Le fond chinois a été exclu du comité des affaires dès 2016 pour éviter tout risque d’ingérence chinoise dans la stratégie de l’entreprise.

«A l’époque, la présence de NSIG dans le capital de Soitec soulevait déjà des questions de souveraineté mais n’était pas vue comme un problème critique. Les choses ont beaucoup changé ces dernières années en raison du durcissement du contexte géopolitique. Ceci explique pourquoi le pacte des actionnaires n’a pas été renouvelé», a indiqué Frédéric Genevrier.

Sur le plan financier, NSIG réalise une belle opération. En vendant à peine 1% de ses parts, le fonds chinois encaisse la somme de 42,3 millions d’euros et récupère près de deux fois sa mise de départ.

«Cette opération n’est pas motivée par des considérations financières. Elle est la réponse de NSIG à la fin de non-recevoir opposée à sa demande de renouvellement du pacte des actionnaires. Elle signifie la baisse de l’intensité de son engagement chez Soitec. Elle soulève des interrogations sur l’avenir du partenariat avec Simgui et la stratégie de la société vis-à-vis de la Chine. Car Soitec devient pour la France et peut-être les Etats-Unis une société stratégique dans l’écosystème de semi-conducteurs comme ASML aux Pays-Bas», a estimé Frédéric Genevrier.

La convention de licence et partenariat avec Simgui est renouvelée tous les ans, lui donnant le droit de produire avec la technologie de Soitec des plaquettes de silicium de 200 mm pour le marché chinois et pour l’industriel français en dehors de la Chine.

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