samedi, mars 30

Le G7 uni face à la Chine

Les chefs de la diplomatie des pays du G7 ont présenté le 17 avril un front uni face à la Chine, rejetant toute différence de position concernant le géant asiatique.

Réunis à Karuizawa, au Japon, les ministres des Affaires étrangères des grands pays industrialisés ont échangé durant un long moment sur la montée en puissance de la Chine.

Les pays du Groupe des 7 (France, Japon, Etats-Unis, Canada, Allemagne, Italie, Royaume-Uni), présidé par le Japon, avait clairement affiché leurs position lors d’un dîner à huis clos le 16 avril durant lequel ils ont échangé sur la Chine et la Corée du Nord.

Les ministres ont condamné les récents tirs de missiles nord-coréens et réaffirmé « la forte détermination du G7 de n’accepter aucune tentative de changer le statu quo par la force », selon un compte rendu de la réunion.

Une unité ébranlée par Paris

« La communauté internationale est à présent à un tournant historique », a déclaré le 17 avril le ministre japonais Yoshimasa Hayashi, en soulignant que « l’unité du G7 était extrêmement importante » à cet égard.

Cependant, les propos du président français Emmanuel Macron sur la Chine ont laissé des traces lors de leurs rencontres. De retour d’une visite en Chine, il avait défendu dans une interview la nécessité d’une « autonomie stratégique » de l’Union européenne, face au risque de voir les européens être entraînés dans un conflit entre Washington et Pékin, notamment sur la question de Taïwan.

Publiquement, les responsables américains, dont le secrétaire d’Etat Antony Blinken, se n’ont pas dénoncé les déclarations d’Emmanuel Macron, alors qu’ils ont montré une certaine exaspération envers certains pays européens, tel que la Pologne.

Paris a tenté de désamorcer la polémique, réaffirmant que la position de la France n’avait pas changé. La France reste « profondément attachée au respect du statu quo, ainsi qu’à la préservation de la paix et de la stabilité entre les deux rives du détroit » de Taïwan, a rappelé la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Le chef de la diplomatie américaine et son homologue française se sont d’ailleurs rencontrés en marge du G7 le 17 avril, affichant selon Antony Blinken leur « convergence » de vues. « Nous sommes unis, nous envoyons clairement le même signal au reste du monde que toute situation requiert le respect du droit international, précondition pour le reste », a assuré de son côté, Catherine Colonna.

Pas sûr d’un consensus

« Beaucoup de ministres se sont récemment rendus en Chine », constatait de son côté un haut responsable américain, évoquant un « large consensus dans la salle pour rester engagés avec la Chine ». « Il y a beaucoup d’unité » autour de la table qui se traduira dans le communiqué final de la réunion attendu le 18 avril, a ajouté le responsable sous le couvert de l’anonymat.

Les ministres veulent envoyer le message « que nous voulons travailler avec la Chine mais que nous allons certainement nous opposer à toute coercition » de la part de Pékin, selon cette source.

Des experts ont expliqué à l’Agence France Presse qu’il n’est pas certain qu’un consensus soit obtenu. « Les Européens se sont rapprochés des positions défendues par les Etats-Unis vis-à-vis de la Chine et Taïwan. Pour autant, cela n’a pas débouché sur un consensus », a expliqué Jacques deLisle, du Foreign Policy Research Institute. D’autant qu’il y a des « différences aussi parmi les Européens eux-mêmes », selon lui.

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a elle appelé les pays européens à ne « pas se limiter à défendre l’ordre de paix européen » ni à se « retirer dans leur coquille » mais à agir « avec une vision large du monde ». « Autonomie stratégique, vous appelez ça comme vous voulez. Le fait est que nous devons avoir les moyens de nous protéger contre nos vulnérabilités », a précisé un responsable européen à l’AFP.

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