mercredi, avril 17

Les chinois très attendus en France

En visite en Chine, les 7 et 8 janvier, le ministre de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, a tenu un discours incitant les chinois à investir en France. Face à la croissance de la compétitivité industrielle internationale et  à la crise de la dette souveraine en Europe, la France tente de trouver des nouveaux partenaires économiques et commerciaux.

A l’occasion d’une conférence de presse, le 8 janvier à Beijing, le ministre de l’économie a précisé que sa visite venait « ouvrir un dialogue économique étroit et régulier » sans que cela ne « se substitue aux structures de dialogue et de coopération déjà existantes ».

Dans une interview accordé au China Business News, Pierre Moscovici a indiqué vouloir « témoigner l’amitié qui unit la France et la Chine », ajoutant que les récentes rencontres entre François Hollande et Hu Jintao « ont donné un nouvel élan à la relation bilatérale ».

Pierre Moscovici, ministre de l'économie et Li Keqiang, Premier ministre
Pierre Moscovici, ministre de l’économie et Li Keqiang, Premier ministre

« Nous souhaitons entretenir cet élan et même franchir un palier à l’occasion de l’arrivée de nouvelles autorités en mars prochain. La densité, la qualité et l’efficacité des mécanismes du partenariat entre la France et la Chine nous en donnent les moyens. La Chine est un partenaire majeur de notre pays », a expliqué le ministre.

Réduire les inégalités commerciales

Avant son départ pour Beijing, le ministre avait indiqué l’existence de « 13 milliards d’euros d’investissements français en Chine et seulement trois milliards d’euros d’investissements chinois en France ». D’où la raison de son voyage dans l’Empire du milieu.

Le but est d’inviter les entrepreneurs chinois à investir en France, car « ce n’est pas une menace, ça peut être une chance si la France retrouve un flux d’investissements étrangers » a-t-il indiqué.

De son côté, Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse, a expliqué que « l’inégalité des conditions de concurrence entre industries européenne et chinoise, pour des raisons de modèle de développement foncièrement différents, est en effet devenue criante ».  

D’un côté, la France doit faire face aux pressions financières et aux contraintes européennes ; de l’autre, l’industrie chinoise est soutenue par les banques d’État et le gouvernement qui facilite l’accès aux entreprises.

Face aux difficultés de l’industrie française et européenne, Paris a décidé de s’attaquer aux marchés chinois, en allant chercher des « moyens financiers de faire face au rouleau compresseur chinois », a indiqué l’analyste.

Les craintes persistent des deux côtés. Le ministre français a constaté que l’ensemble de ces interlocuteurs, « qu’il s’agisse de politiques ou d’investisseurs (chinois, ndr), ne sont pas encore rassurés » sur l’avenir économique de la zone euro.

Et les Français, eux, craignent que les investissements chinois « ne soient prédateurs« , ce que le ministre a réfuté rapidement car « ce que j’attends des investissements chinois en France, c’est qu’ils soient créateurs d’emplois ».

Appel pressant des français aux chinois

« Nous avons intérêt à coopérer et vous pouvez investir chez nous« , a déclaré Pierre Moscovici, à l’encontre des chinois de Chine, mais également ceux investissant à l’étranger.

Ce dernier a ajouté : « vous êtes bienvenus, évidemment dans des conditions bien sûr qui sont des conditions sociales et en tenant compte aussi des intérêts qui sont français« , lors de l’émission « Tous politiques » de France Inter-Le Monde-AFP, le 8 janvier.

Le gouvernement français souhaite ainsi rééquilibrer l’écart entre le commerce et les investissements. En 2011, la Chine possédait 27 milliards d’euros (38%) du déficit commercial français, sur un montant total de 70 milliards d’euros, selon Bercy.

« Ce déficit a vocation à se réduire.  Il se réduira d’autant plus qu’il y aura d’une part une politique de soutien à la consommation en Chine et d’autre part une politique dynamique de la part de nos entreprises pour être présentes ici » a expliqué ce dernier, qui a vanté l’attractivité du pays.

D’autant qu’à l’occasion du 15ème sommet Chine-Europe, en septembre 2012 à Bruxelles, les autorités chinoises avaient réaffirmé leurs volonté d’investir en Europe.

Selon l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), la France est le 3ème pays d’accueil des investissements créateurs d’emplois venus de Chine, après l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Cependant, l’Empire du milieu n’est que le 10ème pays étranger investisseur en France, dans des secteurs limités où axés principalement dans le luxe et le vin. Les entreprises de Chine continentale implantées en France emploient 6.000 personnes, auxquels s’ajoutent 6.000 personnes salariées par une soixantaine de filiales de groupes originaires de Hong Kong.

Le retour de Pierre Moscovici a été marqué par l’annonce de la visite de François Hollande en Chine d’ici mars lorsque les nouvelles autorités seront installées, notamment Xi Jinping, futur n°1 chinois.

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