lundi, avril 22

Les manifestants en colère contre les policiers expatriés de Hong Kong

Un groupe de policiers expatriés est devenu la bête noire des manifestants anti-gouvernementaux, accusé d’être aux ordres des autorités pro-Beijing. Les policiers sont en première ligne de la colère alors que les dirigeants ne parviennent pas à trouver une solution à la crise.

Les 32.000 policiers de Hong Kong se sont retrouvés ces dernières semaines engagés dans des affrontements inédits avec les protestataires les plus radicaux. Parmi les plus décriés, un petit groupe de Britanniques joue un rôle crucial dans les affrontements où ont été utilisés gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc.

Lorsque leur rôle a été évoqué par les médias locaux, leurs données personnelles ont été publiées en ligne. Les manifestants ont d’ailleurs placardé dans la mégapole des « avis de recherche » ciblant en particulier deux officiers de haut rang, et leurs adjoints hongkongais.

Le commissaire Neil Taylor, président de l’Association des commissaires de l’étranger, a expliqué à l’Agence France Presse, « ils subissent une épreuve », ajoutant que « mais ce n’est pas seulement eux. Leurs enfants ont été ciblés à l’école par des harceleurs, une épouse a été approchée au supermarché et victime d’abus. Cela n’est pas plaisant ».

En amont de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, la police hongkongaise comptait environ 900 officiers expatriés, dont la plupart était originaire du Royaume-Uni. Ils ne sont plus qu’une soixantaine et parlent souvent couramment le cantonais, langue utilisée à Hong Kong.

Les derniers expatriés ont été recrutés en 1994. Cette année là, la police cesse d’embaucher au-delà des frontières et exige de ses recrues un certain niveau de chinois. Ces derniers arrivés 1994 devraient partir à la retraite vers 2028.

Steve Vickers, ancien patron du Bureau de renseignement sur la criminalité de la police coloniale, a quitté la police en 1993, fondant un cabinet de conseil en gestion des risques. Ce dernier a expliqué qu’après 1997, les expatriés avaient servi à assurer la « continuité et la confiance ».

Selon lui, « leur présence était précieuse, en fait souhaitable ». Mais depuis, la police a profondément changé, surtout avec l’emprise croissante de la Chine sur les autorités locales. « Au fil des ans, comme la puissance de la Chine enflait, le gouvernement hongkongais s’est politisé. Cette politisation touche aussi la police », a expliqué Steve Vickers.

Aujourd’hui, les manifestants et les défenseurs des droits accusent la police d’usage excessif de la force. Le slogan « flics noirs » est un jeu de mot sur une expression cantonaise, désignant les triades, est devenu monnaie courante.

Les expatriés identifiés dans ce groupe de policier sont considérés comme des mercenaires à la solde des autorités chinoises. Joshua Wong, leader du mouvement pro-démocratie de l’automne 2014, a expliqué à l’un de ces policiers : « Vous êtes britannique et vous servez les intérêts de Pékin! ».