vendredi, avril 12

« L’océan n’est pas l’égout privé du Japon »

« L’océan est le bien commun de l’humanité, pas l’égout privé du Japon, et déverser l’eau contaminée par le nucléaire dans l’océan est extrêmement égoïste et irresponsable« , a déclaré Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Environ 1,25 million de tonnes d’eau contaminée sont actuellement stockées dans plus d’un millier de citernes tout autour de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Ces rejets radioactifs liquides proviennent notamment des injections d’eau nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le gigantesque tsunami du 11 mars 2011.

Le Japon a décidé en 2021 de rejeter progressivement dans l’Océan Pacifique ces eaux contaminées, mettant fin à sept années de débats sur la manière de se débarrasser de ces déchets, mais des pêcheurs et agriculteurs japonais ainsi que la Chine et la Corée du sud y sont opposés.

Lire aussi : La Chine et la Corée du Sud craignent le rejet d’eau radioactive dans la mer

Selon les médias japonais, un récent rapport de la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) montre que l’élément radioactif Cs-137 présent dans le sébaste noir pêché dans le port de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi en mai dépassait largement les niveaux de sécurité, atteignant 18.000 Bq/kg, soit 180 fois la norme maximale stipulée dans la loi japonaise sur la sécurité des aliments.

Une solution moins coûteuse mais extrêmement polluante

« Le gouvernement japonais a cherché à plusieurs reprises à blanchir ses rejets d’eau contaminée provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, affirmant que l’eau était inoffensive et que les rejets étaient justifiés, et déclarant que c’était la seule option. Pourtant, les faits prouvent le contraire », a indiqué Wang Wenbin lors d’une conférence de presse.

« De nombreux membres de la communauté internationale s’interrogent : si l’eau contaminée par le nucléaire était aussi sûre que le Japon l’affirme, pourquoi le Japon ne la rejette-t-il pas dans ses lacs intérieurs ? Pourquoi le Japon a-t-il insisté sur la construction du tunnel de décharge et l’a-t-il lancé avec impatience ? », a posé le porte-parole.

Ce dernier a ajouté que la réponse du comité d’experts japonais était très simple : le rejet dans la mer est l’option la moins coûteuse et présente un risque minimal de pollution pour le Japon lui-même. « Il est extrêmement égoïste et irresponsable de laisser le monde entier supporter le coût et d’économiser de l’argent pour le Japon lui-même », a-t-il souligné.

« L’océan est le bien commun de l’humanité, pas l’égout privé du Japon », a-t-il fait savoir, soulignant qu’en ce qui concerne le traitement de l’eau, le Japon a clairement d’autres options.

Le ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie a présenté cinq propositions, et des experts des pays voisins ont mis en avant des plans plus sûrs et plus prudents, tels que le stockage à long terme.

Cependant, le gouvernement japonais a décidé « unilatéralement de déverser l’eau dans l’océan, sans avoir pleinement évalué les autres solutions », a rappelé Wang Wenbin. « Une décision aussi égoïste, qui met en péril les intérêts communs de l’humanité, ne convaincra ni les Japonais ni les peuples des autres pays. »

Le président du Parti Démocrate sud-coréen va rencontrer l’ambassadeur chinois pour évoquer Fukushima

Lee Jae-myung, président du Parti démocrate (PD), principale formation d’opposition en Corée du sud, a prévu de partager ce 8 juin un dîner avec l’ambassadeur de Chine en Corée du Sud, Xing Haiming, afin d’évoquer les moyens d’empêcher le Japon de déverser dans la mer les eaux contaminées de Fukushima et de demander le soutien de la Chine dans le dossier de l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord.

Les stratégies pour améliorer les collaborations bilatérales dans le secteur privé, la diplomatie, la prévention des conflits stériles liés à l’histoire et la réduction de l’opinion publique négative entre les deux pays figureront également à l’agenda, a écrit l’agence de presse Yonhap.

Dans le même temps, Kim Gi-hyeon, le leader du Parti du pouvoir du peuple (PPP), formation au pouvoir, s’apprête à rencontrer le même jour l’ambassadeur japonais en Corée du Sud, Koichi Aiboshi, afin de discuter des affaires qui concernent actuellement les deux pays, dont la question des eaux contaminées.

Illustration : Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

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