jeudi, avril 18

Le mandat à vie pose problème

Alors que les médias vantent les bienfaits de la suppression de  à la limitation à deux mandats présidentiels, une partie du peuple est lui outrée. « Chaos », « régression », « honteux« , voici les termes relevés par l’Agence France Presse, quelques jours après l’annonce de l’obtention par le président Xi Jinping d’un mandat illimité.

Parmi les plus en colère, Li Datong, 66 ans, ex-rédacteur en chef du Quotidien de la jeunesse de Chine. Ce dernier a écrit une lettre ouverte, publiée sur le réseau social Weibo, dans laquelle il dit : « je ne pensais pas qu’il oserait faire ça, mais il l’a fait ».

L’Assemblée populaire nationale est actuellement en pleine session annuelle depuis le 5 mars. Les députés devraient voter le 11 mars pour l’abrogation de la limite de deux mandats présidentiels de cinq ans. Xi Jinping, 64 ans, à la tête du pays depuis 2013, pourrait alors se maintenir après 2023, fin de son second mandat.

Pour Li Datong, ce changement de la Constitution va « semer les graines du chaos en Chine« , a assuré Li Datong, ajoutant lors d’un entretien avec l’AFP que « si personne ne prend la parole, les gens penseront qu’on est tous d’accord ».  Plusieurs personnes ont exprimé leur opposition, soit en privé, dans des interviews à la presse étrangère, ou sur les réseaux sociaux.

Sophia Huang Xueqin, une militante féministe basée à Canton, a raconté sur le net que « même dans ma famille, les plus vieux me parlent de cette histoire. Ils m’ont appelé en me demandant: ‘Est-ce que Xi Jinping va vraiment devenir le nouvel empereur?’« . Cette dernière a partagé la lettre ouverte de l’ex-journaliste Li Datong, lui valant la fermeture sans préavis de son compte.

« Nous avons vu à maintes reprises les abus qui sont commis lorsqu’un dirigeant règne à vie« , a expliqué à l’AFP un jeune utilisateur de Weibo, ajoutant qu’ »à chaque fois, il y a une catastrophe nationale ». « On a l’impression de retourner à la Révolution culturelle » (1966-1976), a déclaré à l’AFP un imam du Gansu. « C’est comme si Deng Xiaoping n’était pas passé par là, qu’il n’y avait eu aucune réforme et ouverture », a ajouté ce dernier qui fait référence au père de réformes économiques du pays et de son ouverture en 1978.

Côté députés, la proposition est un bonne chose. « Je pense que les dirigeants actuels ont fait énormément pour aider les petites gens », a déclaré Tang Nong, un député de la région du Guangxi, qui s’est dit « soutenir totalement » le maintien au pouvoir de Xi Jinping, qui a apporté « des résultats tangibles » au pays.

Pour Li Datong, « quand les députés voteront, je veux juste qu’ils soient bien conscients que l’histoire les jugera », ajoutant qu’ils « devront porter ce stigmate et surtout ils devront l’expliquer à leurs enfants et leurs petits-enfants ». Or Jiang Ming’an, directeur du Centre de recherche sur la Constitution et le droit administratif de l’Université de Beijing, a jugé que « la révision proposée est une réponse opportune aux appels de la nouvelle ère ».

Pour Jiao Hongchang, professeur de droit à l’Université de sciences politiques et de droit de Chine, ces amendements « étaient à la fois nécessaires et conformes à la réalité quotidienne », ajoutant qu’ils ont assuré « l’efficacité continue de la Constitution actuelle pendant des décennies ».

Ce dernier a assuré à l’agence de presse Xinhua que « la Constitution est la condition préalable d’une gestion fondée sur la loi et est fondamentale pour la modernisation de la Chine », soulignant que « le PCC et le gouvernement trouveront des moyens de renforcer l’autorité constitutionnelle et appliqueront la Constitution afin de résoudre les problèmes majeurs auxquels le pays est confronté ».

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