mardi, avril 30

Manille accuse des navires chinois d’avoir «intentionnellement» percuté des bateaux philippins

Les Philippines et la Chine se rejettent la responsabilité de deux collisions survenues le 22 octobre près de l’atoll Second Thomas Shoal, dans les Spratleys, où la marine philippine est stationnée et où Pékin déploie des navires. Le 24 octobre, Manille a convoqué l’ambassadeur de Chine tandis que Pékin a émis une protestation «solennelle» à l’adresse des Philippines.

Les Philippines ont accusé le 24 octobre des navires chinois d’être « intentionnellement » entrés en collision avec des bateaux philippins près d’un atoll en mer de Chine méridionale, accentuant le contentieux diplomatique après deux collisions dans ces eaux contestées.

« Les navires des garde-côtes et des milices maritimes chinoises, en violation flagrante du droit international, ont harcelé et heurté intentionnellement l’Unaiza May 2 et le navire des garde-côtes philippins BRP Cabra » pendant « des opérations légitimes de rotation et de réapprovisionnement dans la zone économique exclusive des Philippines », a déclaré le ministre philippin de la Défense, Gilbert Teodoro.

« Nous sommes ici pour dénoncer dans les termes les plus forts cette violation flagrante et cet acte illégal dans la zone économique exclusive de 200 miles nautiques et l’obscurcissement de la vérité par la Chine, qui déforme l’histoire pour parvenir à ses propres fins », a ajouté le ministre lors d’un point presse.

Ces propos surviennent quelques heures après que le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a rencontré des responsables chargés des questions de sécurité et ordonné à la garde côtière d’enquêter sur l’incident, « pris au sérieux au plus haut niveau du gouvernement », selon ses communicants.

La Chine et les Philippines se rejettent la responsabilité de deux collisions survenues dimanche près de l’atoll Second Thomas Shoal, dans les Spratleys, où la marine philippine est stationnée et où la Chine déploie des navires.

Le 24 octobre, Manille a convoqué l’ambassadeur de Chine tandis que Pékin a émis une protestation « solennelle » à l’adresse des Philippines.

Protestations des deux côtés

L’ambassadeur chinois, Huang Xilian, a été représenté par son chef de mission adjoint lors de la réunion, organisée au ministère philippin des Affaires étrangères, selon la porte-parole du ministère, Teresita Daza.

Huang Xilian avait été convoqué pour la dernière fois par Manille en août après l’utilisation d’un canon à eau par la garde côtière chinoise sur des navires philippins à proximité du même atoll.

« Ayungin Shoal fait partie de notre zone économique exclusive et de notre plateau continental, et nous avons des droits souverains et avons juridiction sur lui », a ajouté Teresita Daza en employant le nom philippin de l’atoll.

La Chine a de son côté adressé une protestation « solennelle » par la voie diplomatique aux Philippines, faisant part de son « fort mécontentement » et de sa « ferme opposition » après « l’intrusion » de navires philippins autour de l’atoll disputé, selon l’ambassade de Chine à Manille.

La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions rivales des Philippines, du Vietnam ou encore de la Malaisie, faisant fi d’un jugement international de 2016 qui lui a donné tort.

Ravitaillement

Les collisions sont survenues au moment où les Philippines conduisaient une mission de ravitaillement habituelle de leurs troupes situées dans cet avant-poste isolé à environ 200 km de l’île philippine de Palawan et à plus de 1 000 km de la grande île chinoise la plus proche, Hainan.

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En 1999, les Philippines avaient délibérément fait s’échouer sur l’atoll un bateau militaire, le BRP Sierra Madre, dans le but d’y installer des troupes et d’affirmer leurs prétentions de souveraineté face à la Chine.

Le navire est depuis une source de tensions entre la Chine et les Philippines. Les membres de l’infanterie de marine philippine présents à bord dépendent de missions de ravitaillement pour survivre.

Selon le gouvernement philippin, un bateau de ravitaillement a heurté un navire des garde-côté chinois en raison de « manoeuvres de blocage dangereuses » de ce dernier à environ 25 km de l’île coralienne.

La Chine a évoqué une « légère collision » après que le bateau philippin a ignoré « de multiples avertissements et délibérément croisé les forces de l’ordre de manière non professionnelle et dangereuse », selon la télévision publique CCTV, citant le ministère des Affaires étrangères.

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Lors d’un autre incident, un navire des garde-côtes philippins qui escortait la mission de ravitaillement a été « heurté » par ce que Manille a qualifié de « navire de la milice maritime chinoise ».

La Chine a toutefois accusé le bateau philippin d’avoir « délibérément » causé une collision en faisant marche arrière de manière « préméditée » en direction d’un navire de pêche chinois.

Une vidéo diffusée par l’armée philippine montre que la proue du navire des garde-côtes chinois et la poupe du navire de ravitaillement de Manille se sont brièvement touchés. Ensuite, le navire philippin a poursuivi sa route sans voir s’il y avait eu des dégâts.

Pour la Chine, « la responsabilité des incidents de dimanche (22 octobre, ndlr) incombe entièrement aux Philippines ».

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