mardi, avril 23

Manille convoque l’ambassadeur de Chine

Manille accuse les garde-côtes chinois d’avoir tiré au canon à eau sur des navires philippins en mer de Chine méridionale, qualifiant ces actions d’«illégales» et «dangereuses».

Les Philippines ont convoqué l’ambassadeur de Chine ce 7 août après les tirs des garde-côtes chinois au canon à eau sur des navires philippins ce week-end, dans la mer de Chine méridionale contestée.

«Notre secrétaire aux Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur Huang aujourd’hui et lui a remis une note verbale comprenant des photos et des vidéos sur ce qui s’est passé, et nous attendons leur réponse», a expliqué le président philippin Ferdinand Marcos Jr., lors d’un point presse.

Des actions «illégales» et «dangereuses»

Manille a accusé le 6 août les garde-côtes chinois d’avoir tiré au canon à eau sur des navires philippins en mer de Chine méridionale, qualifiant ces actions d’«illégales» et «dangereuses».

La Chine a déclaré de son côté avoir pris les «mesures nécessaires» contre des bateaux philippins qu’elle accuse d’être entrés «illégalement» dans ses eaux.

Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions des Philippines, du Vietnam ou de la Malaisie, rejetant le jugement de la Cour Pénale d’Arbitrage de 2016 en sa défaveur.

«La position de la Chine, bien sûr, est de dire ‘c’est à nous, donc nous le défendons’ et nous, pour notre part, nous disons ‘’non, c’est à nous, donc nous le défendons’. Cela devient donc une zone grise dont nous discutons», a ajouté Ferdinand Marcos.

Depuis son arrivée au pouvoir en juin 2022, le président philippin a engagé une politique plus dure vis-à-vis de la Chine, contrairement à son prédécesseur, Rodrigo Duterte. Ferdinand Marcos s’est d’ailleurs rapproché des Etats-Unis, signe de sa volonté de mesure ses relations avec la Chine.

Deux versions 

Les garde-côtes chinois ont dit avoir chassé les navires philippins. « Deux navires de ravitaillement et deux navires des garde-côtes des Philippines ont pénétré dans les eaux près de Ren’ai Jiao, des îles chinoises Nansha le 5 août », a déclaré le porte-parole de la GCC (garde-côte chinois), Gan Yu.

Ce dernier a indiqué que les garde-côtes chinois ont effectué « la gestion et le contrôle nécessaires conformément à la loi et a bloqué les navires philippins transportant des matériaux de construction illégaux ».

« La Chine exhorte la partie philippine à cesser immédiatement son empiétement dans la zone maritime. La Chine a une souveraineté indiscutable sur les îles Nansha, y compris Ren’ai Jiao, et ses eaux environnantes. La GCC continuera de faire respecter la loi dans les eaux sous juridiction chinoise« , a déclaré Gan Yu.

Selon les garde-côtes philippins, l’incident s’est produit alors qu’ils escortaient des navires transportant du matériel pour le personnel militaire philippin stationné sur le Second Thomas, un atoll des îles Spratleys. «Les garde-côtes philippins condamnent fermement les manœuvres dangereuses des garde-côtes chinois et l’utilisation illégale de canons à eau contre (leurs) navires», ont-ils alors déclaré.

Condamnations des occidentaux

Le Département d’État américain a condamné les «dangereux» agissements de la Chine, affirmant qu’ils étaient le fait de ses garde-côtes et «milices maritimes».

Selon l’Agence France presse, les ambassades britannique, australienne et l’Union européenne ont exprimé leur inquiétude. La mission canadienne aux Philippines a condamné l’intervention chinoise comme «dangereuse et provocatrice» tandis que le représentant du Japon qualifiait l’incident de «totalement inacceptable».

Manille atteste depuis plusieurs années que ses navires patrouillant dans les eaux contestées sont régulièrement surveillés ou bloqués par des garde-côtes ou des bateaux de la marine chinoise.

L’incident du 5 août était le premier depuis novembre 2021 quand les garde-côtes chinois ont utilisé des canons à eau contre une mission de ravitaillement philippine à Second Thomas.

La tension montre entre la Chine et les Philippines

Manille et Pékin ont une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale. Cependant, l’ancien président philippin Rodrigo Duterte tenait à conserver de bonnes relations avec la Chine, s’appuyant alors sur les différents cercles de discussion engagées entre les deux pays et dans le cadre de l’ASEAN.

Les tensions entre la Chine et les Philippines se sont exacerbées au début de l’année après qu’un navire des garde-côtes chinois eut prétendument utilisé un laser de qualité militaire contre un bateau des garde-côtes philippins près de l’atoll Second Thomas.

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Après l’occupation du récif Mischief par la Chine au milieu des années 1990, les Philippines ont échoué délibérément un navire de guerre désaffecté sur le haut-fond voisin, afin d’affirmer leurs revendications territoriales.

Des membres de la marine philippine y sont basés et l’atoll Second Thomas se situe à environ 200 km de l’île philippine de Palawan et à plus de 1.000 km de l’île chinoise importante la plus proche, Hainan.

En avril, un navire des garde-côtes chinois a coupé la route au navire de patrouille philippin Malapascua, qui transportait des journalistes près de Second Thomas.

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