mercredi, mars 27

Première visite à Kaboul du ministre chinois des Affaires étrangères à Kaboul

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est arrivé le 24 mars à Kaboul, pour une première visite en Afghanistan depuis la prise du pouvoir par les talibans, a annoncé un responsable taliban.

Wang Yi doit «rencontrer des responsables de l’Émirat islamique» (le nom du régime taliban), a indiqué dans un tweet Ahmad Yasir, un responsable du gouvernement de Kaboul.

Accueilli à l’aéroport par son homologue afghan Amir Khan Muttaqi, Wang Yi est arrivé en provenance d’Islamabad où il a assisté à une réunion de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Avant la conquête de Kaboul par les talibans le 15 août dernier, la Chine a engagé des échanges diplomatiques avec les Talibans, alors que les forces américaines et de l’Otan se retiraient d’Afghanistan.

Cette visite intervient une semaine avant une réunion prévue à Pékin avec les pays frontaliers de l’Afghanistan, particulièrement le Pakistan, pour discuter de l’aide à apporter au taliban et de nouveaux projets économiques.

L’Afghanistan fait face à une grave crise financière et humanitaire, provoquée par le gel de milliards d’avoirs détenus à l’étranger et l’arrêt brutal de l’aide internationale qui portait le pays à bout de bras depuis 20 ans.

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La Chine partage une petite frontière de 76 kilomètres à très haute altitude avec l’Afghanistan. Mais Pékin craint que son voisin ne devienne une base de repli pour les séparatistes et islamistes de l’ethnie locale ouïghoure.

La Chine tient à maintenir la stabilité après des décennies de guerre en Afghanistan et cherche à sécuriser ses frontières et ses investissements dans les infrastructures stratégiques au Pakistan voisin, qui abrite le corridor économique Chine Pakistan.

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Pour la Chine, une administration stable et coopérative à Kaboul ouvrirait également la voie à une expansion de son grand projet d’infrastructures de l’Initiative La Ceinture et la Route auquel s’est rallié l’Afghanistan en 2016.

De leur côté, les talibans souhaitent développer de bonnes relations avec la Chine. Ils considèrent la Chine comme une source cruciale d’investissement et de soutien économique, que ce soit directement ou via le Pakistan.

Pékin avait obtenu dès 2007 la concession de la mine géante de cuivre d’Aynak (le deuxième gisement mondial), près de la capitale afghane, pour 3 milliards de dollars. L’Afghanistan possède également d’énormes réserves de lithium qui pourraient attiser les convoitises des entreprises chinoises, la Chine étant le premier producteur mondial de véhicules électriques.

Contrairement à plusieurs puissances occidentales, la Chine a maintenu ouverte son ambassade à Kaboul et son ambassadeur est toujours présent à Kaboul. Pékin a cependant rapatrié 210 de ses ressortissants, avant la prise de la capitale par les talibans.

Lors de son entretien avec le vice-Premier ministre par intérim du gouvernement intérimaire afghan, le mollah Abdul Ghani Baradar, et le ministre des Affaires étrangères par intérim, Amir Khan Muttaqi, Wang Yi a présenté les «Trois Respects» et les «Trois Nevers» de la Chine sur la question afghane.

Selon le texte du ministère des affaires étrangères, Wang Yi a déclaré que la Chine et l’Afghanistan sont « des voisins amis liés par des montagnes et des rivières, les échanges entre les deux pays remontant à plus de mille ans ».

« La Chine respecte l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Afghanistan, respecte les choix indépendants faits par le peuple afghan et respecte les croyances religieuses et les coutumes nationales de l’Afghanistan », a indiqué le ministre.

Ce dernier a assuré que « la Chine ne s’est jamais ingérée dans les affaires intérieures de l’Afghanistan, ne cherche jamais ses propres intérêts ou les soi-disant sphères d’influence en Afghanistan ».

Wang Yi a souligné que « la Chine est le seul grand pays qui n’a jamais fait de mal à l’Afghanistan. Nous en sommes fiers et sommes prêts à perpétuer l’amitié traditionnelle entre les deux peuples, à développer des relations de voisinage normales et amicales avec l’Afghanistan sur la base des cinq principes de coexistence pacifique et à aider l’Afghanistan à parvenir à une véritable indépendance et à un développement auto-généré, prenant ainsi en main l’avenir de l’Afghanistan ».

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