samedi, avril 13

Propos sur la conférence de presse de M. Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères le 7 mars 2024

Par Nkolo Foé, Professeur membre de l’Institut international de philosophie de Paris, et membre du Comité consultatif international – Institut Chine-Afrique / Académie chinoise des sciences sociales de Pékin.

Le bilan de l’année 2023

En marge de la deuxième session de la 14e Assemblée populaire nationale, le membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a donné une importante conférence de presse le 7 mars 2024 à Beijing.

Cette rencontre avec la presse nationale et internationale a été l’occasion pour le haut dirigeant chinois, de faire le point sur les réalisations de la diplomatie chinoise au cours de l’année 2023 et au-delà. Il s’est agi d’une année riche en accomplissements de toute nature, qu’il s’agisse de la promotion de la solidarité et de la coopération internationale ou des solutions aux crises et aux défis de l’heure.

L’année 2023 elle-même a été riche en évènements importants, comme par exemple la tenue du troisième Forum de la Ceinture et la Route pour la coopération internationale, le sommet des BRICS en Afrique du Sud qui a permis un élargissement sans précédent à de nouveaux membres, ouvrant ainsi «un nouveau chapitre de force unie pour les pays du Sud», comme l’a expliqué le ministre chinois.

A cela, il convient d’ajouter la réconciliation historique entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, la négociation d’un accord de cessez-le-feu dans le nord du Myanmar, etc. Durant cette période, la Chine a réaffirmé les principes fondamentaux de sa diplomatie concernant son opposition résolue à tous les actes d’hégémonie et d’intimidation, la protection de la souveraineté des États, la protection de la sécurité et des intérêts de développement tant de la Chine que des pays en développement.

La Chine est résolument attachée à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité et entend agir avec un sens plus fort de responsabilité historique et un esprit d’innovation, tout ceci dans la perspective de la mise en place d’un nouveau type de relations internationales qui suppose entre autres valeurs, le respect mutuel et l’apprentissage mutuel entre les différentes civilisations du monde. Notamment avec les peuples du Sud, la Chine est fortement attachée à une plus grande démocratie dans les relations internationales et soutient fermement les droits et intérêts légitimes des pays en développement.

C’est dans ce cadre que la Chine entend assumer une plus grande responsabilité morale vis-à-vis de ces pays et fournir des biens publics dans l’intérêt de la paix et du développement du monde. C’est dans cette perspective que la Chine affirme qu’au lieu de se faire au détriment du reste du monde, son nouveau développement apportera de nouvelles opportunités à toutes les nations.

Après l’affirmation de ces principes généraux, M. Wang Yi s’est attaqué avec méthode aux questions les plus brûlantes de l’heure. Parmi ces questions, il y avait avant tout celles concernant les relations entre la Chine et la Russie, le difficile partenariat avec les Etats-Unis d’Amérique, le partenariat ambigu avec l’Europe, les relations de confiance avec l’Afrique et le Sud global. Les principales zones de turbulence et de crise dans le monde n’ont pas échappé à la vigilance du haut responsable chinois qui a rappelé la position de la Chine sur le conflit israélo-palestinien, la guerre russo-ukrainienne et enfin la situation tendue en mer de Chine méridionale et à Taïwan. En somme, nous avons assisté à un exercice passionnant de la diplomatie de grand pays qui est la nouvelle option de la politique internationale de la Chine.

Le partenariat sino-russe

Le ministre chinois a loué l’approfondissement de la confiance politique mutuelle entre la Chine et la Russie, deux pays voisins et amis. C’est ainsi qu’en 2023, le commerce bilatéral a franchi un nouveau seuil en atteignant un montant record de 240 milliards de dollars, dépassant ainsi l’objectif initial de 200 000 milliards de dollars. Les échanges portent sur des secteurs stratégiques tels que le gaz russe qui alimente les foyers chinois et les marques d’automobiles chinoises sur le marché russe.

Grands États clés du monde, a souligné Wang Yi, la Chine et la Russie ont réussi à forger un nouveau paradigme entre grands pays, contraire à l’approche jugée obsolète de la guerre froide. La non-alliance, la non-confrontation et le ciblage d’aucune partie tierce, les relations de bon voisinage, la coordination stratégique globale, tels sont les principes qui gouvernent les relations sino-russes. Les deux pays s’opposent également à l’hégémonisme et au retour de la guerre froide. De la même manière, ils sont attachés à la multipolarité et à une plus grande démocratie dans les relations entre nations.

Enfin, ce qui rapproche encore davantage ces deux nations, c’est aussi le rôle majeur que l’une et l’autre jouent au sein des organisations régions comme les BRICS et l’Organisation de la coopération de Shanghai, sans oublier leur volonté commune de défendre les principes de l’ONU et de coordonner leurs efforts pour assurer un authentique multilatéralisme, pour la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité régionales et internationales.

Le partenariat sino-américain

Les relations sino-américaines ont occupé une place de choix dans la conférence de presse du ministre chinois. Dans une question, un journaliste de Bloomberg a demandé à M. Wang Yi de réagir à l’attitude irresponsable des Etats-Unis qui, malgré les engagements pris lors de la réunion de San Francisco pour promouvoir une coopération mutuellement bénéfique, ont accru leurs restrictions commerciales et technologiques à l’encontre de la Chine. Le responsable chinois a répondu que quelle que soit l’évolution du paysage international, la Chine maintiendra toujours sa politique américaine stable et cohérente et gérera toujours ses relations avec un sens de responsabilité tant envers l’histoire qu’envers le peuple et le monde dans son ensemble.

La Chine, a dit M. Wang Yi, reste fidèle aux trois principes cardinaux définis par le président Xi Jinping, à savoir le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant. Le respect mutuel est la condition préalable, car l’interaction entre les nations n’a de chance de perdurer que si les différences entre les systèmes sociaux et politiques différents sont reconnues et respectées. La coexistence pacifique est la base de toute relation internationale saine, les conflits et les confrontations entre des puissances nucléaires pouvant avoir des conséquences incalculables. Quant à la coopération gagnant-gagnant, elle signifie qu’en unissant leurs efforts, en coopérant, la Chine et les Etats-Unis peuvent accomplir de grandes choses au bénéfice des deux nations et du monde.

Selon M. Wang Yi, la Chine tient aux engagements souscrits à San Francisco. Lors de cette rencontre historique en effet, les présidents des deux nations les plus puissantes de la planète étaient parvenus à un accord commun en décidant de stabiliser les relations entre les deux pays, en les ramenant sur la voie d’un développement sain et équilibré. Il faut noter qu’à l’époque, la Chine et le monde avaient salué l’engagement de l’Amérique à empêcher une nouvelle guerre froide, à renoncer au changement de régime en Chine, à s’abstenir de revitaliser son alliance contre la Chine et en évitant d’encourager les velléités séparatistes et indépendantistes de l’île rebelle de Taïwan.

L’autre espoir est que les Etats-Unis arrêteraient leurs manœuvres pour endiguer l’expansion économique de la Chine. Au bilan, San Francisco semble avoir été un échec, comme le prouve la multiplication des signaux hostiles émis par Washington. Comme exemple, la liste des sanctions unilatérales contre la Chine s’est allongée au cours des derniers mois et les tentatives d’encerclement de la Chine en mer de Chine méridionale sont loin de s’arrêter.

S’agissant du comportement étrange de l’establishment américain, le ministre chinois des Affaires étrangères s’est interrogé, avec raison : «Si les États-Unis disent une chose et en font une autre, où est leur crédibilité en tant que grand pays ? S’ils deviennent nerveux chaque fois qu’ils entendent le mot «Chine», où est leur confiance en tant que grand pays ? S’ils veulent seulement prospérer mais refusent le développement légitime des autres pays, où est l’équité internationale ? S’ils monopolisent constamment le haut de la chaîne de valeur et maintiennent la Chine au bas de la chaîne, où est l’équité dans la concurrence?»

Du point de vue de la Chine, «le défi pour les États-Unis vient d’eux-mêmes et non de la Chine» ; et si les Américains restent obsédés par la répression de la Chine, alors, ils doivent comprendre qu’ils « finiront par se faire du mal » à eux-mêmes. En effet, l’Amérique s’illusionne en cherchant à traiter un pays de près d’un milliard et demi d’habitants, avec un PIB équivalent à celui de l’Europe, deuxième puissance économique mondiale, comme un vulgaire petit pays de la périphérie.

La Chine invite les Etats-Unis à la lucidité, s’agissant notamment de la «tendance du moment» ; elle lui demande de «considérer le développement de la Chine de manière objective et rationnelle» tout en l’exhortant non seulement à engager des échanges avec elle de manière proactive et pragmatique, mais aussi à agir pour remplir les engagements qui sont les leurs. La Chine pour sa part, reste disposée à renforcer le dialogue et à promouvoir les échanges amicaux dans divers secteurs, afin de construire davantage de ponts, l’objectif étant d’éliminer les malentendus et les préjugés inutiles, pour une meilleure compréhension mutuelle.

Le partenariat sino-européen

M. Wang Yi s’est également appesanti sur les relations avec l’Europe. Les données fournies par le responsable chinois offrent un précieux éclairage sur la nature et l’importance du partenariat stratégique global Chine-Union européenne. Ces données concernent par exemple l’intensité de la circulation des marchandises, 17 000 voyages de fret ayant été effectués par le moyen du China-Europe Railway Express qui relie 219 villes dans 25 pays européens. Cette bouée de sauvetage, comme l’a rappelé Wang Yi, rend sûres les chaînes industrielles et d’approvisionnement, dans un contexte d’insécurité accrues dans les voies de transit maritimes habituels.

En effet, la multiplication des attaques contre les navires de commerce en Mer rouge a affecté durement le commerce maritime, déterminant ainsi nombre d’exportateurs à préférer le China-Europe Railway Express, comme alternative viable à la voie qui passe par le Cap de Bonne Espérance. Par rapport à cette longue route maritime qui oblige les navires en partance pour l’Europe à contourner l’immense continent africain, la voie terrestre se révèle plus courte et plus économique. China-European Railway Express a ainsi permis de réduire la durée du fret de 35/45 jours à 12 jours seulement.

Le ministre chinois des Affaires étrangères a profité de la conférence de presse pour annoncer la mise en place d’une nouvelle politique d’exemption de visa pour un certain nombre de pays européens, notamment la Suisse, l’Irlande, la Hongrie, l’Autriche, la Belgique et le Luxembourg. Ces pays viennent compléter la liste publiée au mois de novembre dernier et qui comprenait la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et l’Espagne. Ces mesures exceptionnelles ont pour but de faciliter les voyages, les échanges humains, commerciaux et culturels.

Le responsable chinois n’a pas éludé la question sensible de la BRI, soumise à une pression intense, en particulier, depuis le retrait de l’Italie de cette initiative. C’est dire que les succès que constituent la liaison ferroviaire Budapest-Belgrade, le port du Pirée en Grèce ainsi que le pont de Pelješac en Croatie ne doivent pas masquer les difficultés et même les échecs. Wang Yi n’a pas manqué de relever l’ambiguïté de l’Union européenne qui traite à la fois la Chine de partenaire, de concurrent et de rival systémique.

Cette caractérisation n’est pas faite pour simplifier les rapports avec la Chine qui accuse les partenaires européens d’allumer à la fois tous les trois feux, rouge, jaune et vert, créant ainsi un embarras inutile. Il est évident que sous la pression des Etats-Unis, certains dirigeants européens cherchent à créer des conflits géopolitiques et stratégiques artificiels avec la Chine. Du point de vue de la Chine, l’UE doit lever toute ambiguïté dans son partenariat. Selon le ministre chinois, les pays européens doivent définitivement intégrer le fait que la caractéristique déterminante de la relation avec la Chine doit être la coopération, l’autonomie stratégique étant sa valeur et le gagnant-gagnant son avenir. Dans la relation sino-européenne, la Chine ne veut parier que sur les feux verts.

La question de l’autonomie stratégique de l’Europe est importante. Car, une Europe forte est dans l’intérêt de la Chine, de même qu’une Chine puissante est dans l’intérêt de l’Europe. Les deux parties doivent unir leurs efforts pour faire avancer la cause du multilatéralisme. Pour sa part, la Chine s’en tient à ses principes de base en matière de politique internationale en prônant l’ouverture, le développement, le dialogue entre les civilisations. Selon M. Wang, tant que l’Europe et la Chine uniront leurs efforts pour assurer l’ouverture et le gagnant-gagnant, la dé-mondialisation tant souhaitée par certaines puissances réactionnaires sera un échec.

Le partenariat sino-africain et le « moment Sud »

Interrogé sur la consolidation des relations sino-africaines, notamment suite à son récent voyage en Afrique, M. Wang Yi a d’abord salué la tradition diplomatique vieille de 34 ans selon laquelle les ministres chinois des Affaires étrangères commencent chaque année leurs visites à l’étranger par un voyage en Afrique. Ce fait sans précédent dans l’histoire des échanges internationaux s’explique par les liens de fraternité qui unissent les deux peuples. Ensuite, l’Afrique et la Chine partagent un avenir commun, après avoir lutté côté à côte contre l’impérialisme et le colonialisme. Les deux peuples unissent également leurs efforts pour défendre la justice dans un environnement international en pleine mutation. La Chine est restée le plus grand partenaire commercial de l’Afrique pendant 15 années consécutives.

C’est une option irréversible que de situer le partenariat sino-africain dans la problématique générale du Sud global. L’enjeu ici porte sur le remodelage des relations internationales. C’est le cours de l’histoire mondiale lui-même qui s’en trouve ainsi profondément affecté. Dans son propos, le haut dirigeant chinois a célébré le «moment Sud» qui correspond à la montée en puissance des BRICS. Ces derniers ne constituent un défi pour personne. En fait, l’expansion des BRICS ne fait que refléter la montée collective des pays du Sud sur la scène internationale et la nature particulière d’un monde qui évolue inexorablement vers la multipolarité.

Le reste du monde doit désormais tenir compte du poids démographique et économique de ces pays anciennement colonisés. Sur le plan économique, ils représentent désormais plus de 40% de l’économie mondiale, modifiant ainsi profondément le paysage économique mondial et redistribuant par conséquent, les rapports de puissance. Insistant sur les caractéristiques propres du Sud global, Wang Yi dit : «L’indépendance est sa qualité distincte et la recherche de la force par l’unité est sa tradition.» Le dirigeant chinois précise : «Le Sud global n’est plus une majorité silencieuse, mais une force clé pour réformer l’ordre international.» Il s’agit là d’une nouvelle source d’espoir, au moment même où le monde connaît les changements les plus profonds depuis un siècle.

Par ces déclarations, la Chine rassure ; elle rassure les peuples d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique parce que, depuis le sommet des BRICS en Afrique du Sud, elle assume désormais ouvertement son leadership moral. Au nom de son pays, M. Wang Yi a solennellement confirmé que «la Chine était, est et sera un membre fidèle du Sud global.» Engagée dans un avenir commun avec les pays du Sud, l’Empire du Milieu se présente désormais comme une «force cruciale pour le développement et la prospérité du Sud.»

Un constat s’impose ici : le nouveau réveil du continent africain auquel nous assistons est contemporain du réveil des autres pays du Sud global. Il s’agit là d’un mouvement d’ensemble qui reflète une tendance lourde de l’histoire mondiale. Les efforts des puissances impérialistes pour freiner ce mouvement semblent pour le moment vains, les peuples anciennement dominés étant désormais de plus en plus conscients des bénéfices qu’ils peuvent tirer de l’indépendance et de la souveraineté nationale pour le développement.

D’où la remarque du ministre chinois, à savoir que les modèles imposés de l’extérieur n’ont apporté à l’Afrique ni stabilité ni prospérité. Selon le ministre Wang Yi, les pays d’Afrique doivent explorer des voies de développement adaptées à leurs conditions nationales et garder fermement leur avenir et leur destinée entre leurs mains. C’est la problématique de la souveraineté nationale des pays du Sud global qui est ici posée et dont la Chine se porte garante en tant que pays en développement le plus avancé. Au nom de la Chine, M. Wang Yi a réaffirmé l’engagement de la Chine de se tenir fermement aux côtés des Africains et d’apporter le soutien nécessaire pour garantir une Afrique véritablement indépendante et souveraine dans ses idées et sa pensée.

La Chine est pleinement consciente que l’indépendance et la souveraineté de l’Afrique passent nécessairement par une modernisation rapide et le renforcement de ses capacités productrices pour un développement autonome. L’Initiative la Ceinture et la Route est l’instrument au service de cette noble ambition. Cette plateforme est rapidement devenue l’une des voies privilégiées vers la coopération, les opportunités et la prospérité pour les pays du Sud en quête de développement commun.

Au cours de dernières années, la Ceinture et la Route a atteint un nouveau seuil dans le développement d’un réseau mondial multidimensionnel de connectivité des infrastructures de haute qualité, durable et résilient, couvrant la mer, la terre et l’air. La Chine accélérera le développement d’une Route de la Soie numérique et travaillera parallèlement à la construction d’une Route de la Soie verte pour relever les nouveaux défis communs.

Pour revenir aux relations sino-africaines strictes, le haut responsable chinois a clairement déclaré qu’il n’est dans l’intention de la Chine de chercher à développer une relation exclusive avec le continent africain ; au contraire, l’Empire du Milieu se réjouit de l’intérêt grandissant que d’autres grands pays du monde accordent désormais à l’Afrique après lui avoir tourné le dos au plus fort de la vague afro-pessimiste qui s’était déchaînée dans la période qui avait immédiatement suivi la Chute du Mur de Berlin. Il est évident que le soutien de la Chine à la modernisation des infrastructures et de l’outil de production a rendu l’Afrique plus attractive. Selon M. Wang Yi, le vœu de la Chine est de voir les autres parties accorder une plus grande attention à l’Afrique et augmenter leurs contributions au soutien de son développement.

Le ministre chinois des Affaires étrangères a terminé son propos sur l’Afrique en annonçant le prochain sommet du Forum de coopération sino-africaine (FOCAC) qui se tiendra en Chine cet automne.

La Chine face aux principales zones de crise 

La conférence du 7 mars a été l’occasion pour le ministre chinois des Affaires étrangères de réaffirmer la position de son pays sur les principales crises qui captivent actuellement l’attention de la communauté internationale. Il s’agit principalement du conflit israélo-palestinien, de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et enfin, de la situation à Taïwan et en mer de Chine méridionale.

La crise palestino-israélienne

Pour la Chine, l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin à ce conflit qui a déjà fait 100 000 victimes civiles est « une tragédie pour l’humanité et une honte pour la civilisation. » La « calamité de Gaza » – selon ses propres termes -, est un autre signal pour le monde, a dit M. Wang Yi, pour qui la longue occupation des territoires palestiniens doit être dénoncée. La Chine soutient fermement la juste cause des Palestiniens qui luttent pour recouvrer leurs droits nationaux légitimes. L’injustice historique dont ils sont victimes doit être réparée, la solution se trouvant dans la création de deux Etats.

La Chine soutient l’adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU ; elle exhorte les membres du Conseil de sécurité qui jouent un rôle négatif dans ce dossier à renoncer définitivement aux entraves qu’ils mettent pour empêcher la solution de deux Etats. M. Wang Yi appelle à une conférence internationale de paix élargie, dotée d’une autorité renforcée et disposant de moyens de contraintes efficaces pour imposer un calendrier et une feuille de route en vue de l’établissement sans délais de deux Etats. En tant que groupes ethniques, les peuples arabe et juif doivent vivre en harmonie et coexister pacifiquement.

La guerre russo-ukrainienne

Des déclarations du ministre chinois des Affaires étrangères, il ressort une certaine constance dans la position de Pékin sur la guerre sanglante oppose l’Ukraine à la Russie. La Chine entend poursuivre son travail de médiation afin d’ouvrir la voie à la fin du conflit et à des pourparlers de paix.

La situation en mer de Chine méridionale Taïwan

Les positions historiques de la Chine ont été fermement rappelées : la mer de Chine méridionale est un espace où le peuple chinois a forgé son identité parce qu’il y vit et y travaille depuis des générations. C’est à ce titre que les territoires insulaires de cet espace maritime sont chinois. La Chine se félicite de la paix et de la stabilité qui y règne, la mer de Chine méridionale étant la voie navigable la plus fréquentée, la plus sûre et la plus libre au monde, malgré les turbulences mondiales. La Chine salue la contribution des pays de l’ASEAN et travaille à promouvoir le dialogue et la coopération avec chacun d’entre eux.

Dans les différends maritimes, a souligné M. Wang Yi, la Chine fait preuve d’une grande retenue, dans un esprit de bon voisinage et d’amitié, sur la base du respect des faits historiques et juridiques incontestables. La Chine reste cependant ferme sur ses principes de base : elle ne permettra jamais à quiconque d’abuser de sa bonne foi ; elle n’acceptera pas des lois maritimes déformantes ; en cas de violations délibérées, elle prendra des mesures appropriées et justifiées pour défendre ses droits légitimes ; face à une provocation délibérée et injustifiée, elle répondra par des contre-mesures rapides et légitimes. Dans la foulée, la Chine invite certains pays extérieurs à la mer de Chine méridionale à s’abstenir de provoquer ou d’attiser des troubles et des problèmes dans cette région où leur présence belliqueuse est désormais indésirable.

La même fermeté de ton s’applique à la question de Taïwan. La Chine continuera sa lutte pour une réunification pacifique ; elle ne permettra jamais le détachement de Taiwan de la mère patrie. Afin de ne laisser aucun doute sur les intentions du Parti communiste chinois, M. Wang Yi a souligné que quiconque dans l’île rebelle s’engagera dans «l’indépendance de Taiwan» sera tenu pour responsable devant l’histoire et quiconque dans le monde est de connivence et soutient «l’indépendance de Taiwan» sera sévèrement brûlé pour avoir joué avec le feu et goûtera aux fruits amers de ses propres actes.

Voilà rappelés, les grands axes de la « diplomatie de grand pays » définie par Xi Jinpin lui-meme.

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