vendredi, mars 22

Tension entre la Chine et la Suisse

Les négociations sur le développement de l’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine sont gelées depuis 2018. Le secrétariat à l’économie a confirmé une information parue des journaux suisses NZZ am Sonntag et le SonntagsBlick.

L’élan de 2014, lors de la signature de l’accord de libre-échange par le conseiller fédéral de l’époque Johann Schneider-Ammann, s’est envolé, selon les médias alémaniques.

La Confédération serait intéressée à élargir l’accord signé en 2014, notamment dans le domaine des produits industriels. Mais « il n’a jusqu’ici pas été possible de trouver un accord sur une liste de sujets à approfondir », a annoncé le Secrétariat d’Etat à l’économie, précisant qu’il n’y a eu que des contacts informels entre les deux pays depuis 2018.

On ne sait pas quand les discussions pourront se poursuivre. Le Seco espère que ce soit « dans un avenir proche ». La situation actuelle n’a toutefois aucune influence sur l’accord de libre-échange existant.

VIOLATION DES DROITS DE L’HOMME

Selon le journal suisse NZZ am Sonntag, le blocage du dialogue par Pékin serait une réponse au fait que la Suisse a dénoncé ces derniers temps les violations des droits humains en Chine, notamment au Xinjiang.

D’ailleurs, la Suisse est l’un des 40 pays qui ont signé une déclaration conjointe lue au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en juin 2021, appelant la Chine à autoriser l’accès de la cheffe des droits de l’Homme de l’ONU à la région du Xinjiang pour y enquêter sur les supposés problèmes de droits de l’Homme qui y ont été rapportés.

Le Secrétariat d’Etat à l’économie a précisé que la Suisse n’a pris pour l’instant aucune décision sur l’imposition d’éventuelles sanctions contre les responsables des violations des droits humains, comme l’a fait l’Union européenne.

« La question d’une éventuelle reprise des sanctions thématiques de l’UE dans le domaine des armes chimiques, du cyber et des droits humains dans le cadre de la loi sur les embargos est actuellement discutée à l’interne au sein de la Confédération », a précise le Secrétariat d’Etat à l’économie.

Les critiques de la Chine inquiètent aussi les industriels suisses, car la Chine représente le troisième pays d’exportation après l’Allemagne et les Etats-Unis.

Pour le quotidien Sonntagsblick, la Suisse envoie des signaux parfois contradictoires à son partenaire chinois. Le journal a interrogé deux politiciens, l’UDC Franz Grüter et la Verte Christine Badertscher, qui constatent le changement de positionnement du monde politique suisse face à la Chine.

PÉKIN RÉAGIT

La Chine a appelé la Suisse « à exclure les ingérences et à rencontrer la Chine à mi-chemin » dans les négociations sur la mise à niveau d’un accord de libre-échange (ALE) entre ls deux pays.

Certains médias suisses ont affirmé que la Chine avait bloqué les négociations commerciales avec la Suisse en raison des voix critiques dans le pays concernant les droits de l’Homme dans la région autonome du Xinjiang.

Ces affirmations ont été publiées juste un jour après que la cheffe des droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a terminé sa visite de six jours en Chine, y compris dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang (nord-ouest).

Concernant le blocage présumé de l’accord de libre-échange, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a affirmé que l’accord de libre-échange entre la Chine et la Suisse avait largement profité aux habitants des deux pays depuis son entrée en vigueur en 2014.

« La mise à niveau de l’accord pourra aider les deux pays à exploiter leur potentiel de coopération commerciale et à promouvoir la reprise économique ainsi que le développement face à la pandémie de Covid-19 », a-t-il ajouté.

« L’accord de libre-échange est un accord mutuellement bénéfique et non un cadeau d’une partie à l’autre », a déclaré Zhao Lijian, qui a souligné que la Chine et la Suisse « avaient maintenu une communication étroite concernant la mise à jour de l’accord sur la base des principes de respect mutuel et d’égalité ».

Mit en suspend depuis 2018, l’accord de libre-échange ne devrait pas aboutir d’ici peu, bien que « la Chine serait heureuse de voir cet accord amélioré et elle espère que la Suisse pourra exclure les interférences et rencontrer la Chine à mi-chemin », a déclaré M. Zhao.

Le commerce entre la Chine et la Suisse a dépassé 44,1 milliards de dollars en 2021, selon les données du ministère chinois du Commerce. Depuis 2010, la Chine est le premier partenaire commercial de la Suisse en Asie et le troisième au niveau mondial après l’Union européenne (UE) et les États-Unis. Les deux pays ont signé un accord de libre-échange qui est entré en vigueur le 1er juillet 2014, a rapporté l’agence de presse Xinhua.

Depuis 2021, « les forces anti-chinoises, en particulier le Congrès mondial ouïghour (CMO) soutenu par les États-Unis, ont rassemblé des dizaines d’organisations pour faire pression sur le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, afin qu’il fasse enquête sur les accusations de ‘génocide’ présentes sur une liste fournie par le ‘Tribunal ouïghour’ – une autre farce mise en scène par le CMO, que des analystes ont critiqué pour avoir des objectifs politiques », ont indiqué des experts chinois interrogés par l’agence de presse Xinhua.

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