jeudi, avril 25

Accusations de viol chez Alibaba

Alibaba, entreprise emblématique du numérique en Chine, faisait face ce 8 août aux critiques en Chine, après le témoignage d’une employée accusant son supérieur de l’avoir violée lors d’un déplacement professionnel.

L’affaire fait du bruit en Chine au moment où les agressions sexuelles font ces derniers mois l’objet d’une attention particulière dans la société. Plusieurs scandales impliquant des personnalités ont par ailleurs éclaté ces dernières semaines. Parmi elles, le chanteur pop et acteur canadien d’origine chinoise Kris Wu, très populaire en Chine, a été arrêté après des accusations de viol sur une mineure.

Or récemment, une employée d’Alibaba a publiquement accusé son supérieur et un client de l’avoir agressée sexuellement lors d’un voyage d’affaires. Son message, initialement publié en interne pour les employés d’Alibaba, a été publié sur les réseaux sociaux provoquant l’indignation en Chine.

«Alibaba Group a une politique de tolérance zéro contre les inconduites sexuelles, et assurer un lieu de travail sûr pour tous nos employés est la priorité absolue d’Alibaba», a déclaré un porte-parole de l’entreprise. Entre-temps, la police a également ouvert une enquête.

Le sujet dépassait les 820 millions de vues sur la plateforme Weibo avec un hashtag de l’incident. De plus, le sujet a été diffusé par les médias de toute la Chine.

Dans une lettre adressée le 8 août à ses employés et consultée par l’Agence France Presse, le patron d’Alibaba, Daniel Zhang, a annoncé le licenciement du cadre incriminé.

«C’est la police qui déterminera s’il a commis un viol ou une autre indécence contraire à la loi», y précise le numéro un du groupe. Suite à ce scandale, deux cadres d’Alibaba, dont un responsable des ressources humaines, ont présenté leur démission.

«Cette affaire est une honte pour [nous tous]», a dénoncé le patron d’Alibaba. Ce dernier a déploré par ailleurs une «horrible culture de la consommation forcée d’alcool», a indiqué Daniel Zhang, président d’Alibaba.

En effet, cette pratique, répandue en Chine dans le cadre professionnel, vise à faciliter les affaires, mais elle fait l’objet de nombreuses critiques depuis quelques années.  

Cette affaire a incité certains internautes à partager leurs propres expériences, une femme alléguant que son superviseur a fermé les yeux quand d’autres la poussaient à boire lors d’un dîner, ne demandant que si elle était «d’accord» le lendemain.

«Peu importe si l’enquête policière apportera des rebondissements à l’affaire Alibaba, la culture de la consommation d’alcool en Chine existe depuis plus d’une décennie. J’espère que les critiques à son sujet cette fois apporteront des changements», a écrit un blogueur sur Weibo.

Si le mouvement #MeToo reste modeste en Chine, il a contribué à une plus grande liberté de parole des femmes victimes de violences. En effet, lors de discussions en ligne, de nombreux utilisateurs se sont concentrés sur la description par l’employée d’Alibaba d’une prétendue blague que  le superviseur avait faite lors de l’événement de leur client. Le superviseur a dit avoir apporté une «beauté» au rassemblement. Pour de nombreux internautes, cette remarque montre comment l’industrie de la technologie continue de considérer les femmes comme des objets sexuels.

D’ailleurs, en 2015, les entreprises technologiques chinoises ont embauché des «motivateurs» féminins pour remonter le moral des programmeurs majoritairement masculins.

En 2017, des images montraient des employées de Tencent utilisant leurs dents pour ouvrir une bouteille placée entre les jambes de collègues masculins lors d’un match lors d’une fête du Nouvel An. Tencent s’est excusé après la diffusion de la vidéo, devenue virale en ligne, et s’est engagé à adopter un examen plus strict de ses événements.

Même en 2018, un rapport de Human Rights Watch indiquait des offres d’emploi discriminatoires de sociétés de technologie chinoises, telles qu’Alibaba, Baidu et Tencent qui promettaient aux candidats qu’ils pourraient travailler avec de «belles filles» et des «déesses». Les entreprises de technologie se sont excusées pour les publicités et ont promis d’examiner les publicités plus attentivement à l’avenir.

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En 2020, Airbnb a lancé une enquête après que des employées en Chine se soient plaintes auprès de la direction américaine de la conduite indigne d’un haut dirigeant, notamment pour avoir prétendument marqué des employées sur leur apparence.

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