dimanche, mars 24

Bataille de coq entre Beijing et Pyongyang

Alliée incontournable de la Corée du nord, la Chine est parvenue à conserver des échanges économiques et politiques avec le pays, bien que la relation soit tedue entre les deux pays, depuis  2010.

Cette année, les tensions semblent s’apaiser, car le numéro cinq du PCC, Liu Yunshan, a assisté à Pyongyang au défilé militaire célébrant le 70ème anniversaire du Parti des travailleurs, le 10 octobre. Ce dernier se tenait au côté du leader nord-coréen Kim Jong-un, avec que la relation reste compliquée.

Deux discours contradictoires

Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un en 2012 qu’un haut dirigeant chinois vient en visite officielle en Corée du Nord. A cette occasion, Liu Yunshan a transmis un message du président Xi Jinping, dans lequel il félicitait le président nord-coréen pour « la réalisation de progrès positifs dans le développement de l’économie et l’amélioration des conditions de vie du peuple, entre autres ».

De son côté, Kim Jong-un a surtout mit l’accent sur « notre armée est devenue invincible et peut défier n’importe quel ennemi », ajoutant que « le monde doit se préparer à voir comment le peuple coréen construit sa puissance ». Une ligne que ne tient pas forcément à défendre la Chine, aux côtés de la Corée du nord.

D’autant plus que Beijing tente de rassurer ses voisins asiatiques qui craignent  l’influence militaire du pays. Raison pour laquelle Xi Jinping a précisé dans son message que les deux parties devaient « s’engager conjointement en faveur de la paix, de la stabilité et du développement dans la région ». Ce message est certes similaire à tous les autres envoyés par le président à ses homologues étrangers, toutefois, il prend une tournure particulière dans cette relation.

Bien que la Chine a besoin de garder Pyongyang de son côté, la position belliqueuse de Kim Jong-Un pourrait remettre en question le discours pacifiste du président chinois. Ce dernier avait annoncé le 1er octobre, lors de l’anniversaire de la République populaire de Chine, la réduction des effectifs de l’armée, en signe de bonne foie.

chine corée du nordMalgré tout, pour apaiser la tension et rassurer son « petit frère », le gouvernement chinois s’est dit prêt à « approfondir la communication et la coopération avec la Corée du nord dans une perspective à long terme et en gardant à l’esprit une vision d’ensemble des relations bilatérales ».

D’ailleurs, l’ambassadeur de la RPDC en Chine, Ji Jae Ryong, a indiqué pour sa part que la Corée du nord « attachait une grande importance à son amitié traditionnelle avec la Chine et était prête à coopérer avec la partie chinoise pour promouvoir leurs relations ». Une coopération a qui a été très affecté cette année et il y a cinq ans.

Kim Jong-un défie la Chine

Une enquête de l’hebdomadaire hongkongais Yazhou Zhoukan, citée par Courrier International le 2 octobre, révèle que Pyongyang aurait interpellé une centaine de Coréens du Nord d’origine chinoise.

Cette arrestation est un signe manifeste du refroidissement entre la Chine et la Corée du nord et de l’attitude de Kim Jong-Un envers Beijing. En effet, les services de sécurité nord-coréen accusent ces coréens d’origine chinoise d’espionnage en faveur de la Chine, soutien à des « fugitifs » cherchant à quitter le pays ou encore pratique d’activités religieuses illégales.

Selon l’hebdomadaire hongkkongais, les coréens d’origine chinoise vivant en Corée du Nord sont quotidiennement sont surveillance policière par les autorités nord-coréennes et contraints de ne plus avoir de contacts avec des chinois. Ils sont vivement invités à dénoncer les comportements “politiquement anormaux” des chinois, et il leur serait interdit d’utiliser des téléphones portables chinois, révèle CI.

Les relations sino-nord-coréennes s’intègrent désormais dans un cadre « très contrôlé par les deux pays », selon le quotidien officiel chinois Huanqiu Shibao. D’ailleurs, les deux présidents ne se sont jamais rencontrés, ce qui caractérise bien les tensions diplomatiques entre les deux pays. Les deux hommes sont arrivés au pouvoir en 2012, mais c’est en 2010 que les échanges bilatéraux se sont crispés.

2010, la mésentente est à son comble

La tension est montée d’un cran entre Beijing et Pyongyang, après la mort de trois chinois à la frontière sino-nord-coréenne, « la Chine se sent particulièrement concernée par ces incidents et a protesté officiellement par voie diplomatique auprès du gouvernement nord-coréen » a indiqué Qin Gang, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois lors d’une conférence de presse, à Beijing, le 9 juin 2010.

Tous les experts s’accordaient à dire qu’il s’agit d’une première au sein des relations bilatérales. Selon Kim Heung Gwang, ancien directeur et professeur d’une organisation d’intellectuels nord-coréens basée à Séoul, « il est rare que la Chine se plaigne publiquement. Habituellement des excuses privés ou des indemnités sont suffisantes » a-t-il expliqué au Los Angeles Times.

Marcus Noland, spécialiste de la Corée du Nord à l’Institut économique international Peterson de Washington, a également souligné qu’il « est vraiment une première pour les deux pays ». Pour ce dernier « la Corée du Nord a toujours fait très attention à ses relations avec son voisin, et la Chine a toujours été très circonspecte dans ses critiques. On ne les voit pas souvent laver leur linge sale en public ».

La réaction de Beijing dénote un certain agacement à l’encontre de son voisin nord-coréen. Après avoir essuyé de nombreuses critiques de la part de la communauté internationale, pour son soutien envers la République démocratique populaire de Corée, la Chine hausse le ton et décide de ne plus se laisser mener par son petit frère capricieux.

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