lundi, avril 22

Course-poursuite inégale entre pêcheurs philippins et gardes-côtes chinois

Le récif de Scarborough est une zone disputée et revendiquée à la fois par la Chine et les Philippines. Les pêcheurs philippins dénoncent la présence chinoise sur ce site qui les prive d’une source importante de revenus et d’un refuge où s’abriter en cas de tempête.

Le récif de Scarborough se trouve à 240 km à l’ouest de l’île principale des Philippines, Luzon, et à près de 900 km de Hainan, en Chine continentale. En vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer signée en 1982, que la Chine a contribué à élaborer, les pays ont le droit souverain d’exploiter les ressources naturelles situées dans un rayon d’environ 200 milles (370 km) de leurs côtes.

La Chine revendique la souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, et a pris le contrôle du récif de Scarborough aux dépens des Philippines en 2012. Elle a déployé depuis des gardes-côtes et d’autres navires pour bloquer l’accès aux zones de pêche exploitées par les Philippins depuis des générations.

Manille dénonce le déploiement récent d’une barrière flottante de 300 mètres de long, à l’entrée de l’atoll. Cette barrière « empêche les bateaux de pêche philippins d’entrer dans le récif » pour exploiter la zone, ont souligné les gardes-côtes et le bureau des pêches philippins dans un communiqué commun.

Lire aussi : Les Philippines condamnent la « barrière flottante » chinoise en mer de Chine méridionale

Les pêcheurs philippins sillonnent la zone durant des semaines pour capturer du thon, du mérou et du vivaneau rouge avec des filets, des lignes ou des harpons. Un bateau du Bureau philippin de la pêche et des ressources aquatiques, le BRP Datu Bankaw, vient leur livrer de la nourriture, de l’eau et du carburant, pour leur permettre de rester plus longtemps en mer.

Une cinquantaine de petits bateaux de pêche à balancier se trouvaient dans les eaux profondes à l’extérieur du récif lorsque le bateau a jeté l’ancre le 4 octobre, après 18 heures de traversée pour rallier les 300 km séparant la baie de Manille du récif.

Le 6 octobre, quatre bateaux des gardes-côtes chinois patrouillent, tentant d’éloigner les pêcheurs du BRP Datu Bankaw et du récif. Selon l’Agence France Presse, la voix d’un des gardes-côtes se fait entendre sur les ondes radio, ordonnant à 15 reprises au BRP Datu Bankaw de quitter « immédiatement » le « territoire chinois ».

Ignorant ces avertissements, les 12 membres d’équipage distribuent aux bateaux de pêche 60 tonnes de carburant dans des jerrycans et des colis de nourriture. Ces livraisons sont gratuites pour les pêcheurs, mais certains donnent en retour des caisses de poissons fraîchement pêchés. Certains montent à bord pour manger et boire de l’eau fraîche.

Les pêcheurs expliquent aux journalistes à bord du BRP Datu Bankaw avoir déjà été percutés par des navires chinois ou ciblés par leurs canons à eau. Certains ont eu leur ancre sectionnée.

Après des décennies de surpêche par les pays riverains, les pêcheurs philippins doivent rester plus longtemps en mer pour capturer suffisamment de poisson et espérer dégager un petit profit. Ils considèrent que cette zone appartient à leur pays. Mais le blocage du récif par la Chine rend la situation encore plus difficile.

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