samedi, mars 23

Jason Ng, « Hong Kong à elle seule n’a pas de pouvoir pour lutter contre Goliath »

Après sept mois de heurts avec la police, « une escalade de la violence n’est pas la meilleure façon d’obtenir un changement », a souligné l’avocat Jason Ng, célèbre militant pour la démocratie à Hong Kong.

Dans un entretien accordé à l’Agence France Presse à Barcelone, Jason Ng a fait part de l’avenir du mouvement de protestation à Hong Kong, qui fait face depuis juin 2019 à sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

L’ancienne colonie britannique a été ces derniers mois le théâtre de heurts très violents avec la police. « Je comprends pourquoi une partie de cette violence se produit, c’est la nature humaine », a indiqué le juriste, écrivain et chroniqueur hongkongais.

« Quand la police te frappe si souvent et si agressivement, elle te pousse à répliquer », a expliqué ce dernier. « Beaucoup de manifestants pensent que sans escalade (de la violence), il est très difficile d’attirer l’attention du gouvernement et de la communauté internationale mais je ne suis pas d’accord », a-t-il assuré.

Actuellement, les protestataires s’interrogent sur la meilleure stratégie à adopter dans les prochains mois. Pour Jason Ng, « la violence est presque addictive », mais « les médias finalement se lasseront de couvrir la même histoire : visages en sang et cocktails Molotov dans les rues de Hong Kong ».

« Et une fois qu’ils seront blasés, la seule façon d’attirer encore leur attention, ce sera d’augmenter le degré » de violence, selon lui. Or « je ne veux pas que cela arrive à Hong Kong », a réitéré l’avocat. « Une des valeurs fondamentales du mouvement lancé en 2014 est la désobéissance civile non violente et nous voulons vraiment poursuivre ça ».

Après des années de protestations massives et pacifiques, sans résultat, les manifestants ont adopté en novembre 2019 des tactiques plus agressives, avec des protestations et affrontements quasi quotidiens avec la police. Ceux-ci ont abouti à 7.000 arrestations et des milliers de blessés.

Pour Jason Ng, il y a eu des succès comme le retrait « miraculeux » en septembre 2019 du projet de loi du gouvernement local qui devait autoriser les extraditions vers la Chine, ou encore la victoire des candidats pro-démocratie aux élections locales de fin novembre 2019.

Depuis « le mouvement de protestation a décliné », constate-t-il. « Beaucoup de gens disent que les choses se calment, que le mouvement peut être terminé, mais je ne suis pas d’accord ».

« Je pense que les gens ont besoin de temps pour assimiler ce qui s’est passé au cours des sept derniers mois (…) Il est très important d’avoir ce temps de réflexion, avant de continuer », a assuré ce dernier.

Après aller à Barcelone pour rencontrer en prison l’indépendantiste catalan Jordi Cuixart et donner une conférence sur la désobéissance civile, il a assuré que « ce n’est pas que nous ayons besoin d’un soutien international, c’est en réalité le seul moyen pour notre mouvement de l’emporter. Nous pensons que le seul avantage que nous ayons sur la Chine, c’est la pression internationale ».

« Notre population de 7,5 millions d’habitants par rapport au total de la Chine est négligeable. Et notre contribution économique diminue chaque jour. Hong Kong à elle seule n’a pas de pouvoir pour lutter contre Goliath ».

« C’est réconfortant de voir que le monde nous écoute. Mais au-delà de son attention, nous voulons son soutien », a conclut Jason Ng.

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