jeudi, avril 18

Le gouvernement hongkongais interdit un parti indépendantiste

Les autorités hongkongaises ont annoncé l’interdiction du Parti national, militant pour l’indépendance d’Hong Kong. Cette décision est la première depuis le retour en 1997 du territoire sous l’égide de la Chine continentale.

Selon la déclaration sino-britannique de rétrocession, la région autonome du Sud de la Chine possède des libertés inconnues dans le reste du pays. Cependant, des voix s’élèvent contre – ce qu’ils considèrent – comme la mainmise de Beijing sur la société hongkongaise.

Une demande de la police

En juillet, la police de Hong Kong avait demandé l’interdiction du Parti national de Hong Kong (HKNP), composé d’une dizaine de membres actifs, sachant se faire entendre en raison notamment de la radicalité de leurs déclarations.

Les autorités de Hong Kong avaient écrit au PNHK pour l’informer de leur intention de le faire interdire. Parmi les raisons invoquées pour justifier ce projet d’interdiction figurent des discours prononcés par son dirigeant, Andy Chan Ho-tin, et des rassemblements auxquels il a participé à Hong Kong et à Taiwan.

Ce projet est basé sur l’Ordonnance relative aux sociétés prévoyant que le gouvernement peut interdire les activités de toute organisation «dans l’intérêt de la sécurité nationale, de la sécurité publique ou de l’ordre public, ou encore dans le but de protéger les droits et les libertés d’autrui», ou si l’organisation en question est un organe politique ayant des liens avec une organisation politique étrangère ou une organisation politique de Taïwan.

Critique des organisations de défense des droits de l’Homme

«C’est un jour très sombre pour les libertés d’association et d’expression à Hong Kong, et cette mesure risque d’avoir de considérables conséquences. Le recours systématique à la notion de « sécurité nationale» en vue de réduire au silence les voix dissidentes est une stratégie commune aux gouvernements répressifs, a déclaré Patrick Poon, chargé de recherches sur la Chine à Amnesty International.

Ce dernier souhaitait que les autorités cessent «d’utiliser des lois rédigées en termes vagues pour intimider les personnes qui ont des opinions politiques différentes des leurs. La tentative d’interdiction du PNHK représente un signal d’alarme, car le gouvernement risque d’invoquer une fois de plus des préoccupations de sécurité nationale pour imposer d’autres restrictions».

L’organisation avait alors souligné que «le droit international et les normes connexes prévoient que toute interdiction d’une organisation est soumise à un ensemble de conditions strictes, et le poids de la preuve pèse sur le gouvernement, qui doit démontrer l’existence d’un danger réel, et non hypothétique, en matière de sécurité nationale».

De son côté, le ministère britannique des Affaires étrangère demandaient le respect de la liberté d’expression. Pour L’organisation Human Rights Watch cette interdiction «historique dans les efforts de Pékin et du gouvernement hongkongais contre les libertés hongkongaises».

Interdiction prononcée

Le 24 septembre, les autorités ont annoncé qu’elles acceptaient la demande de la police, et indiqué que le parti serait interdit, en application de l’ordonnance. «J’ordonne l’interdiction des opérations du Parti national de Hong Kong à Hong Kong», a déclaré le ministre de la Sécurité, John Lee, dans un communiqué posté sur le site internet du gouvernement.

Pour Maya Wang, de HRW, l’interdiction préventive, alors que le parti n’a commis aucune violence, crée «un précédent dangereux» qui pourrait entraîner l’interdiction d’autres formations politiques. De son côté, le chef de file du parti, Andy Chan, n’a pas encore commenté la nouvelle.

John Lee a ainsi annoncé que le Parti national «avait un objectif clair visant à faire de Hong Kong une république indépendante» et affirmé qu’un tel programme était contraire à la Loi fondamentale de Hong Kong.

Le ministre a ajouté que le parti avait tenté d’infiltrer les écoles et propagé «la haine et la discrimination» contre les Chinois du continent présents à Hong Kong. «Le parti n’a en outre pas exclu un recours à la force», a poursuivi le ministre, reconnaissant cependant qu’il n’y avait jamais eu d’actes de violence et qu’Andy Chan a toujours prôné la non-violence.

Ainsi, toute activité, tout recrutement de membre et toute opération de levée de fonds menés par une organisation interdite peuvent entraîner une peine allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement.

Soutien du bureau des affaires de Hong Kong à Beijing

Le Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao relevant du pouvoir central a annoncé son soutien ferme vis-à-vis de cette interdiction. «La décision du gouvernement de la RASHK d’interdire le fonctionnement de ce groupe selon les lois et procédures juridiques concernées constitue une action visant à maintenir la sécurité nationale et l’état de droit à Hong Kong et est absolument nécessaire», a noté le porte-parole du bureau.

Ce dernier a assuré que «nous soutenons résolument cette décision» des autorités hongkongaises, ainsi que toutes les «sanctions face à tout acte portant atteinte à la sécurité nationale, dans le respect de la loi, et fait preuve d’une tolérance zéro concernant toute organisation prônant l’indépendance de Hong Kong ou menant des activités visant à diviser le pays».

Pour le porte-parole du bureau «aucune activité visant à diviser le pays ne peut être permise sur les plus de 9,6 millions de kilomètres carrés du territoire chinois». 

Indépendance et autodétermination voulues à Hong Kong

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