mardi, avril 23

Le Tribunal ouïghour, « une farce politique » pour la Chine

« Le soi-disant Tribunal ouïghour est une fabrique de mensonges, qui n’a rien à voir avec le droit ou la vérité. Il s’agit d’une nouvelle farce visant à discréditer le Xinjiang », a raillé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

Ce dernier a dénoncé l’organisation qui prévoit, selon lui, une nouvelle campagne de dénigrement contre la politique de la Chine au Xinjiang dans ce qu’elle décrit comme une «deuxième audience».

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Le tribunal d’opinion ouïghour a entamé le 10 septembre une seconde série d’audiences pour enquêter sur «les atrocités en cours et un éventuel génocide», qui durera jusqu’au 14 septembre.

Des victimes, des universitaires et des diplomates sont entendues par le tribunal ouïghour qui finalisera son jugement pour la fin de l’année ou le début 2022. Mais le tribunal ouïghour ne prononcera pas de peine

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Lancée il y a un an, cette instance indépendante chargée d’enquêter sur les crimes et les violations des droits de l’homme «perpétrés par la Chine à l’encontre des populations ouïghoures, kazakhes et autres minorités musulmanes» devra qualifier les faits et statuer pour déterminer si un crime contre l’humanité, voire un génocide a été commis et est en cours dans les camps du Xinjiang (est de la Chine), mais également à l’étranger.

Ce tribunal est un tribunal d’opinion (ou People’s tribunal), c’est-à-dire une initiative citoyenne proposant à la «société civile les moyens de déterminer, par un jugement fondé sur des preuves, si des crimes internationaux ont été commis, conformément aux obligations des États ou aux normes juridiques internationales».

Ce mécanisme intervient quand des gouvernements ou des organisations internationales ne veulent ou ne peuvent pas enquêter sur des allégations de violences de masse. Ce tribunal n’a pas reconnu la compétence de la Cour pénale internationale, en exerçant son droit de véto parce que membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine bloque toute enquête indépendante sur son sol au sujet des Ouïghours.

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Présidé par Geoffrey Nice, « une figure anti-chinoise notoire, ce tribunal est largement financé par le Congrès mondial des Ouïghours (CMO) », a indiqué Zhao Lijian. « Le 3 septembre 2020, Geoffrey Nice a établi un tribunal populaire soi-disant «indépendant» pour enquêter sur «les atrocités en cours et le possible génocide» des Ouïghours, des Kazakhs et d’autres populations musulmanes turciques, a déploré ce dernier.

Zhao Lijian a souligné que parmi les «experts» de ce tribunal figurent Adrian Zenz, qui a publié plusieurs rapports faux visant à diffamer le Xinjiang, et l’Institut australien de stratégie politique, « lequel a perdu toute crédibilité ».

De plus, Dolkun Isa, l’un des témoins pour le tribunal, « est considéré par le gouvernement chinois comme un terroriste ». « Ces soi-disant experts, président et témoins ont fait preuve de tellement d’irrégularités et de mensonges, qu’ils sont devenus la risée de la communauté internationale. […] Prenez Zenz par exemple. Dans ses soi-disant rapports, il a à plusieurs reprises évoqué la stérilisation forcée et la théorie du génocide au Xinjiang, mais il n’a jamais pu avancer de preuve concrète. Tout ce qu’il a fait, c’est répéter des rumeurs montées de toutes pièces et il a fini par être traduit en justice », a souligné Zhao Lijian.

En juin, le tribunal avait déjà organisé une audience sur le sujet. A cette occasion, le vice-président Nick Vetch du Tribunal Ouighour avait promis que son travail serait «impartial», fondé sur des témoignages recueillis cette semaine et en septembre et sur des «milliers de pages» de documents déjà accumulées. Il se fondera «sur des preuves, rien que des preuves», avait-t-il déclaré à l’AFP.

«Nous avons invité la Chine à nous fournir les preuves dont ils disposeraient. Nous n’avons pour l’heure rien reçu», a-t-il ajouté. Selon des experts étrangers, plus d’un million de Ouïghours, principal groupe ethnique du Xinjiang, sont détenus dans des camps de rééducation et certains sont soumis à du «travail forcé».

La Chine conteste et affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme après des attentats attribués à des Ouïghours. Le rapport du «Tribunal ouïghour» est attendu en décembre 2021.

«Il reviendra aux États, institutions internationales, entreprises, établissements dans les domaines de l’art, la médecine, l’enseignement, et aux individus de déterminer comment appliquer le jugement, quel qu’il soit», a déclaré le panel. Il a été mis sur pied à la demande du Congrès mondial ouïghour, le plus important organisme représentant les exilés ouïghours, qui presse la communauté internationale à agir contre la Chine.

Le «Tribunal ouïghour» fait partie des entités visées par des sanctions de la Chine pour avoir dénoncé le traitement des Ouïghours, tout comme son président, l’avocat britannique Geoffrey Nice, qui avait dirigé les poursuites devant la justice des Nations unies pour crimes de guerre contre l’ancien dirigeant serbe Slobodan Milosevic.

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«Peu importe le nombre d’acteurs embauchés ou le nombre d’audiences tenues, il s’agira toujours d’un tribunal illégal», a insisté Zhao Lijian. Selon lui, peu importe ce que font ces «clowns anti-chinois», le Xinjiang ne fera que s’améliorer et les voix objectives au sein de la communauté internationale seront de plus en plus nombreuses.

Selon les analystes, le Tribunal Ouighour est une société qui est généralement utilisée pour les entreprises ou encore les associations caritatives. Cela signifie qu’il s’agit d’une organisation civile complètement volontaire, qui n’a rien à voir avec le droit. Elle usurpe le nom de «tribunal», mais il ne s’agit en réalité que d’un pseudo-tribunal, a assuré Zhao Lijian.

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