mardi, avril 23

Soulagement à court terme, mais incertitudes de long terme

Par Homin Lee, Stratège macro senior – Après une stagnation inattendue au deuxième trimestre, l’économie chinoise se redresse.

Le taux d’épargne des ménages semble vouloir revenir à son niveau tendanciel (voir le graphique à gauche) et la croissance des ventes au détail retrouve des couleurs, grâce à une solide progression des revenus réels et à des politiques macroéconomiques favorables. Et surtout, les autorités ont approuvé des dépenses supplémentaires au niveau national et local, financées par le déficit, notamment une tranche supplémentaire de 0,8% du PIB consacrée aux infrastructures. Nous tablons dorénavant sur une croissance de 5,3% en 2023 et de 4,7% en 2024 (voir le graphique de droite). Une reflation modérée de 2% semble probable en 2024, soutenue par une politique monétaire favorable qui engendrera une nouvelle baisse des ratios de réserves obligatoires des banques.

Ces mesures ne modifient pas les perspectives à long terme du pays de manière significative. Contrairement au pessimisme ambiant, nous pensons que des réformes pourraient améliorer ces perspectives. Le vieillissement de la population chinoise est quasiment aussi rapide que dans les autres pays émergents. Le faible taux d’urbanisation du pays suggère une grande marge de manœuvre pour doper la croissance à moyen terme, en accueillant un plus grand nombre de travailleurs dans les villes les plus productives. Une hausse de l’âge de la retraite (actuellement 60 ans pour les hommes, moins pour les femmes) pourrait atténuer les conséquences budgétaires du vieillissement de la population. L’endettement élevé pourrait être géré par une restructuration progressive, incluant notamment un filet de sécurité pour le secteur bancaire et le maintien d’une inflation en territoire positif. Le gouvernement pourrait accélérer la libéralisation financière et renforcer le rôle des marchés dans l’allocation des ressources économiques.

De telles réformes semblent toutefois peu probables à court terme, notamment en raison du conservatisme de Pékin et de ses autres priorités politiques. La levée des restrictions sur les droits de résidence des travailleurs migrants dans les grandes villes a ralenti, en partie afin de stimuler le développement des provinces intérieures plus pauvres. Après un vif rejet par la population, les mesures visant à augmenter l’âge de la retraite et à introduire une taxe foncière ont été retardées. Les autorités donnent la priorité à la stabilité du yuan aux dépens d’un cadre de reflation plus vigoureux et plus crédible, où la monnaie serait plus faible, car elles envisagent un outil de financement mondial en yuan capable de remplacer le dollar américain.

En l’absence de tout paquet de réformes structurelles convaincant, il pourrait être difficile de mettre fin au pessimisme généralisé qui caractérise les perspectives chinoises de long terme. De nouvelles mesures favorables au marché sont une possibilité, allant d’un soutien sporadique au marché des actions à une nouvelle initiative diplomatique en faveur d’une détente – aussi limitée soit-elle – avec les Etats-Unis. Ces mesures pourraient temporairement doper la confiance du marché, mais il est peu probable qu’elles renversent le ralentissement progressif de la croissance, qui devrait atteindre 2% à 3% sur les dix prochaines années.

Source : Lombard Odier · Stratégie de Placement – Clientèle Privée · Perspectives 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *