mardi, mars 26

Un journaliste de la BBC quitte la Chine

Ces dernières années, la BBC s’est fait remarquée auprès des autorités chinoises pour le traitement de ses reportages concernant des sujets en lien avec les droits de l’Homme au Xinjiang.

La chaîne a fait face à plusieurs remontrances de la part de Beijing, qui a vivement critiqué le correspondant de la chaîne à Beijing, John Sudworth, et la BBC elle-même. Cette dernière a fait l’objet de pressions pour sa campagne de désinformation et de ce que la Chine qualifie de « diffamations » et atteintes à son image.

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Face à la pression, le journaliste John Sudworth a décidé de quitter la Chine continentale pour se rendre à Taïwan. Le 31 mars, la chaîne BBC a fait part sur les réseaux sociaux de son mécontentement vis-à-vis du départ de son ancien correspondant en Chine, qui a alors été transféré à Taïwan avec son épouse Yvonne Murray, correspondante pour une télévision irlandaise.

John Sudworth a décidé de continuer sa carrière à Taïwan après neuf années passées en Chine continentale, afin d’éviter « les pressions et menaces croissantes de la part des autorités chinoises ».

« La pression et les menaces des autorités chinoises à la suite de mes informations ont été assez constantes. Mais elles se sont intensifiées ces derniers mois », a-t-il déclaré ce dernier à BBC Radio 4.

« Au final, avec ma famille ici à Beijing, ainsi qu’avec la BBC, nous avons décidé qu’il était tout simplement trop risqué de continuer », a-t-il ajouté. Selon BBC, le journaliste était suivi par la police – en civil – jusqu’à son embarquement à l’aéroport pour se rendre à Taipei.

De son côté, la BBC a réagit dans un communiqué attestant que « le travail de John a révélé des vérités que les autorités chinoises ne voulaient pas que le monde connaisse ».

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« La BBC est fière des reportages primés de Sha Lei (nom chinois de John Sudworth) pendant son séjour à Pékin et il reste notre correspondant en Chine », a indiqué le communiqué.

Cette « fuite », annoncée mercredi 31 mars, « est consécutive à une campagne d’intimidation des autorités chinoises qui dure depuis des mois », a indiqué le quotidien britannique, Financial Times.

Pour l’Association des correspondants étrangers en Chine (FCCC), les autorités chinoises restreignent et perturbent les journalistes étrangers via le contrôle de leur visa.

L’association a expliqué que les journalistes possèdent désormais un visa d’une durée de moins de six mois depuis ces deux dernières années, au lieu d’un an pour un journaliste étranger en général.

Selon FCCC, 18 journalistes avaient été expulsés de Chine en 2020. Cette fois, le départ de John Sudworth et de son épouse sera « une perte considérable pour les gens qui s’apprêtent à comprendre la Chine ».

Pourtant le ministère chinois des affaires étrangères, ce départ est « irrégulier », car aucune déclaration n’a été fournit par le journaliste et sa femme aux autorités.

Un journaliste de la BBC se fait agressé en mars 2017

Selon le ministère, ce dernier prend une « position de victime », ce qui relève d' »un manque d’argument. « En Chine on protège les journalistes qui respectent les faits et les lois », a assuré l’institution, niant la légitimité de la FCCC.

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À l’heure actuelle, la carte de presse permanente de Sha Lei a expiré et il n’a plus le statut de correspondant étranger permanent. De plus, selon la porte-parole de la diplomatie chinoise, il avait été officiellement annoncé mi-mars que le journaliste était visé par une plainte en justice en raison de ses « fausses nouvelles ».

Cette procédure judiciaire aurait pu l’empêcher de quitter le territoire. Or conformément à l’article 13 du Règlement de la République populaire de Chine sur les agences de presse permanentes étrangères et les journalistes étrangers couvrant l’actualité et à l’article 7 du Guide des journalistes étrangers en Chine, les journalistes résidents étrangers doivent accomplir les formalités pertinentes avant de quitter leur poste.

« Si John Sudworth juge ses reportages justes et objectifs, il aurait dû avoir le courage de faire face à cette action en justice », a indiqué Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Chacun sait que la BBC diffuse un grand nombre de fausses nouvelles sur la Chine avec un fort parti pris idéologique ». La Chine a récemment expulsé un certain nombre de journalistes étrangers de Chine.

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Steven Butler, coordinateur du programme Asie pour le Comité de protection des journalistes, basé aux États-Unis, a expliqué au journal allemand Deutsche Welle que cela « laisse penser que Pékin adopte une stratégie plus agressive à l’égard des journalistes étrangers qui rendent compte de contenus que les autorités chinoises n’apprécient pas ».

Ce dernier a indiqué que « la Chine cache beaucoup de choses », conseillant aux journalistes étrangers en Chine de faire doublement attention à l’environnement dans lequel ils se trouvent. Le coordinateur a également suggéré que lors des négociations avec la Chine, les États devaient inclure la question de l’accès des journalistes dans le territoire chinois.

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