vendredi, avril 26

Alibaba dans le collimateur du gendarme boursier américiain

Entré le 19 septembre 2014 à Wall Street, le géant du commerce en ligne Alibaba « collabore activement » à l’enquête de la Commission américaine des sécurités et des échanges (Securities and Exchange Commission) sur ses pratiques comptables. Certains chiffres de vente sont soupçonnés d’être artificiellement gonflés.

Sous le symbole « BABA« , Alibaba a choisi la Bourse de New York, suite au refus de la Bourse de Hong Kong de déroger au principe « un actionnaire = un vote« , comme le voulait Jack Ma, son fondateur.

library_logos_alibababv_largeCette procédure permet aux fondateurs d’une entreprise de l’introduire en Bourse tout en gardant la main sur la nomination des futurs dirigeants. En s’inscrivant à New York, la direction d’Alibaba peut conserver le droit de nommer plus de la moitié du conseil d’administration.

Dans un entretien à l’agence de presse Xinhua, Jack Ma a tenté d’apaiser la polémique, en assurant que la direction « a fourni toutes les informations réclamées« , promettant « transparence et communication« . Ce dernier a expliqué qu’Alibaba « n’a pas d’équivalent aux Etats-Unis », « certains investisseurs américains ont des difficultés à comprendre son modèle économique ».

Le gendarme boursier américain (SEC) a ouvert une enquête sur certaines pratiques comptables de la société. Dans un communiqué de presse, daté du 25 mai, Alibaba a indiqué que « plus tôt cette année, la Commission des opérations en Bourse américaine nous a informés qu’elle ouvrait une enquête afin de déterminer s’il y avait eu des violations des lois boursières fédérales ». 

La SEC a demandé à la direction de fournir « volontairement des documents et des informations relatifs, entre autres, à nos méthodes et pratiques de consolidation (y compris nos écritures comptables pour notre participation au sein de Cainiao Network) et aux politiques et pratiques que nous appliquons en général à nos transactions avec des parties tierces, ainsi qu’à la façon dont nous publions nos chiffres d’exploitation pour ‘Singles Day' ». 

Des analystes américains ont mit en exergue « la complexité grandissante de la structure d’entreprise d’Alibaba, qui a multiplié les prises de participations et les imbrications de filiales dans des secteurs variés, de la finance au divertissement », d’après l’Agence France Presse.

Jack Ma, fondateur d'Alibaba
Jack Ma, fondateur d’Alibaba

La SEC se penche particulièrement sur la Journée des célibataires, « Singles Day » (11 novembre), qui est l’une des journées commerciales les plus importantes de la compagnie. En mai, Jack Ma a assuré que la direction allait révéler « volontairement cette demande de la SEC et nous coopérons avec elle et lui avons fourni par l’intermédiaire de nos représentants juridiques les documents et les informations demandés ». 

Cependant l’an dernier, l’événement avait attiré sur les plateformes d’Alibaba plus de 155 millions de consommateurs, pour un volume de transactions atteignant 91,2 milliards de yuans (soit plus de 13 milliards d’euros), en hausse de 60% sur un an.  Ce chiffre correspond au « volume total des biens échangés ».

Paul Gillis, professeur à l’université de Pékin et expert de la comptabilité chinoise, a expliqué que « le problème, c’est que ce n’est pas la même chose qu’un chiffre d’affaires. Alibaba ne vend pas les produits lui-même, il propose seulement des services de marketing en ligne », car les transactions sont assurées par des vendeurs tiers.

Ce dernier a indique le géant de l’e-commerce « rapporte les revenus tirés de ces services dans ses déclarations financières ». La SEC s’interroge donc sur la façon dont le volume des biens échangés est calculé et s’il fournit aux investisseurs un reflet fidèle des transactions effectives

« Le souci est que certains vendeurs sont soupçonnés de réaliser des fausses transactions (c’est-à-dire de s’acheter à eux-mêmes leurs propres produits) pour améliorer leur référencement sur la plateforme » et gagner en visibilité, a indiqué Paul Gillis, à l’Agence France Presse.

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