jeudi, mai 2

IA en Chine: les entreprises américaines ne pourront plus investir librement

Les entreprises américaines ne pourront plus investir librement à l’étranger dans les technologies les plus avancées, particulièrement dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA) ou l’ordinateur quantique.

Ces investissements ne pourront plus être fait dans des « pays problématiques », une référence à la Chine, a annoncé le département du Trésor dans un communiqué.

Cette décision a été validée à l’issue d’un décret signé par le président Joe Biden, qui doit permettre de « défendre la sécurité nationale américaine en protégeant les technologies critiques de la prochaine génération d’innovations militaires », a précisé le Trésor. L’institution a précisé l’aspect « strictement limité » du décret, afin de « maintenir notre attachement aux investissements transfrontaliers ».

De fait, les nouvelles règles imposent aux entreprises et particuliers américains d’informer l’administration pour certains types de transactions et interdisent purement et simplement d’autres dès lors qu’elles impliquent des « entités en lien avec les technologies avancées identifiées dans le décret ».

« La Chine assume sa volonté d’acquérir et de produire des technologies clés essentielles pouvant aider à la modernisation de son armée, ce décret vise précisément à limiter les investissements américains dans les entreprises impliquées dans cet effort », a expliqué lors d’une conférence de presse téléphonique un responsable du gouvernement Biden.

Washington craint de voir la Chine profiter des investissements américains en termes de transfert de technologies mais également via « des bénéfices intangibles », tels que de l’accompagnement dans la mise en place de lignes de production, des échanges de connaissances et d’accès aux marchés.

« Lors du dernier sommet du G7, les dirigeants ont souligné notre intérêt commun à protéger de manière appropriée les technologies sensibles ayant des implications en termes de sécurité nationale, et l’intérêt d’un contrôle des investissements en la matière », a indiqué une source proche de l’affaire à l’Agence France Presse.

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Toutefois, le décret ne devrait pas concerner certains types de transactions, notamment celles qui concernent des entreprises cotées ou des filières d’entreprises américaines. « C’est un grand pas en avant », a estimé Nicholas Lardy, chercheur pour le PIIE, interrogé par l’AFP, « car il ne s’agit plus seulement de restrictions des exportations mais désormais également des capitaux, ce qui n’était jusqu’ici par arrivé ».

Mais ce dernier a estimé que si les Etats-Unis cherchent seuls à « couper les financements provenant des fonds d’investissements privés ou issus du capital risque », l’effet devrait être limité. Laissant entendre que les Américains devraient faire pression sur certains de leurs alliés pou mettre en place des mesures similaires, afin que leur démarche fonctionne sur du long terme.

D’autant, si le volume des transactions et leur montant total concernés par ces restrictions pourraient être au final très réduits, l’impact réel de cette décision pourrait être plus large, a souligné Emily Benson, directrice de projet sur le commerce et les technologies pour le CSIS.

« Il est possible que, même si elles ne sont pas visées directement par les interdictions, certaines entreprises pourraient réfléchir à deux fois au type d’investissements qu’elles pourraient réaliser, ce qui pourrait réduire les investissements bilatéraux à long terme », a-t-elle ajouté, interrogée par l’AFP.

Cette nouvelle décision est une mesure supplémentaire visant à freiner l’avancement de la Chine dans le domaine de la haute technologie. En octobre 2022, les Etats-Unis avaient annoncé le renforcement des contrôles aux exportations vers la Chine des semi-conducteurs de haut de gamme « utilisés dans des applications militaires ».

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Les Pays-Bas et le Japon, également producteurs de semi-conducteurs, s’étaient alignés sur la position des Etats-Unis en mars dernier. Par la suite, la Chine a répliqué à son tour en annonçant des restrictions des exportations de certains produits, dont les métaux rares nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs.

Craignant des restrictions supplémentaires sur les exportations, les géants technologiques chinois se sont précipités auprès de la société américaine Nvidia des puces nécessaires aux nouveaux systèmes d’IA générative, d’après le Financial Times.

Selon le quotidien économique, Baidu, ByteDance, Tencent et Alibaba ont passé des commandes d’environ 1 milliard de dollars afin d’acquérir les précieux composants au cours de l’année 2023, ainsi que 4 milliards de commandes pour des processeurs graphiques à livrer en 2024.

Les semi-conducteurs ultra sophistiqués de Nvidia sont en forte demande depuis que le lancement de ChatGPT a inauguré une course intense à l’IA générative.

En visite en Chine en juillet dernier, la secrétaire au Trésor Janet Yellen avait souligné la volonté de son gouvernement d’avoir des mesures précises et ciblées et non d’engager un découplage totale des économiques américaine et chinoises, deux premières puissances économiques mondiales.

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« J’ai rappelé que nos mesures sont très ciblées et centrées sur quelques secteurs pour lesquels nous avons des craintes en termes de sécurité nationale », avait déclaré Janet Yellen, qui rappelait en même temps que l’objectif « n’est pas de provoquer un dérèglement complet des investissements » américains en Chine.

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