dimanche, mars 24

La Chine assimile le ministre des Affaires étrangères de Taïwan à une mouche «stridente»

La Chine a lancé une attaque virulente contre le ministre des Affaires étrangères de Taïwan, en évoquant les propos du leader révolutionnaire Mao Zedong pour le dénoncer comme une mouche «stridente» pour ses efforts visant à promouvoir Taïwan au niveau international, selon l’agence de presse, Reuters.

Joseph Wu, ministre des affaires étrangères de Taïwan

Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, qui parle couramment l’anglais, est un fervent partisan des efforts de Taiwan pour repousser les pressions de la Chine, qui revendique Taïwan comme sa province rebelle, et apparaît régulièrement dans des groupes de réflexion et d’autres panels.

Dans une longue dénonciation contre Joseph Wu, le bureau chinois des affaires de Taïwan a déclaré qu’il était un partisan «inconditionnel» de l’indépendance de Taïwan qui « a colporté des mensonges selon lesquels Taïwan est un pays souverain ».

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Le bureau chinois a cité un poème écrit par Mao Zedong en 1963, «The River All Red», qui était une dénonciation de l’Union soviétique et des États-Unis. «Toutes les formes de commentaires sur l’indépendance de Taiwan ne sont que des mouches » bourdonnant, avec une explosion de cris stridents et une crise de sanglots», a déclaré le bureau des affaires de Taiwan de Pékin.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a déclaré que l’attaque n’était « pas digne »d’être commentée. Cependant, le Conseil des affaires continentales de Taïwan, qui élabore la politique de la Chine, l’a dénoncé comme une «diffamation» et un «abus».

«Ce genre de violence verbale, sans précédent dans la communauté internationale, ne fait que souligner le dépassement des règles de l’organisme lié à Taiwan de l’autre côté du détroit de Taiwan et à quel point il est éloigné de la société civilisée», a cité l’agence de presse, Reuters.

Cette attaque virulente intervient après l’une des déclarations du ministre des Affaires étrangères, Joseph Wu, devant la Hoover Institution. Ce dernier a mit en avant la défense de la liberté et de la démocratie à Taiwan, selon le site du gouvernement taiwanais.

«La Chine conduit aussi une guerre diplomatique sourde visant à ravir à Taiwan ses alliés diplomatiques, saboter les relations avec les partenaires animés du même esprit que Taiwan, et empêcher le pays de participer aux organisations internationales», a souligné Joseph Wu.

Le ministre prononçait depuis Taipei une allocution lors d’une conférence organisée dans la cadre du Projet sur Taiwan et la région indo-pacifique mené par la Hoover Institution de l’Université Stanford, aux Etats-Unis. Parmi les autres participants figuraient Richard Bush, ancien président de l’Institut américain à Taiwan (AIT), et l’ancien directeur du bureau de Taipei de l’AIT, Brent Christensen.

Dans une lettre félicitant Eric Chu pour son élection à la tête du Kuomintang (KMT), parti favorable à un rapprochement avec Pékin, le président chinois, Xi Jinping, a indiqué que le Parti communiste chinois et le KMT ont «par le passé insisté sur le Consensus de 1992 et l’opposition à l’indépendance de Taïwan […] pour promouvoir des relations plus pacifiques des deux côtés du détroit» qui sépare la Chine et Taiwan.

«Actuellement, la situation dans le détroit de Taïwan est complexe et maussade», poursuit-il, dans cette lettre publiée par le KMT. Xi Jinping a appelé les deux partis de travailler à la paix et à «l’unification du pays». 

Les relations entre la Chine et Taïwan se sont nettement réchauffées sous la présidence de Ma Ying-jeou, membre du KMT, entre 2008 et 2016. Le parti taïwanais avait accepté un accord dit «Consensus de 1992», affirmant que les deux territoires appartiennent à une seule Chine, sans spécifier qui de Pékin ou Taipei en est le représentant légitime.

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Depuis 2016, élection de la dirigeante Tsai Ing-wen, du Parti Démocrate et Progressiste, le gouvernement considère Taïwan comme une nation souveraine, suscitant la colère de Pékin.

Dans sa réponse à la lettre de Xi Jinping,  Eric Chu a estimé que le PCC et le KMT devraient «chercher une base commune et respecter leurs différences» pour promouvoir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.

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