vendredi, mars 29

L’affaire Kim Lee, le déclencheur

L’une des affaires judiciaires de violence domestique les plus connues du pays est celle de Kim Lee, elle a bouleversé le statu quo sur les violences faites aux femmes, selon Lu Pin, militante féministe. Pour de nombreuses activistes, Kim Lee est le symbole des femmes battues dans le pays, a indiqué cette dernière sur Amnesty International.

Citoyenne américaine installée à Beijing, Kim était à l’époque mariée au millionnaire Li Yang. Ce dernier était une célébrité, créateur de la méthode d’apprentissage de l’anglais Crazy English, il amenait des étudiants de toute la Chine à surmonter leur timidité et à crier des expressions en anglais dans des parcs et des campus.

En 2011, Kim Lee a choqué le pays en publiant sur les réseaux sociaux des photos des séquelles de son mari ultra-violent. Elle avait notamment publié des photos en ligne montrant son visage couvert de bleus. «Tu m’as fait tomber au sol. Tu t’es assis sur mon dos. Tu m’as étranglée avec tes mains, puis tu as frappé ma tête par terre», écrivait-elle sur Sina Weibo.

En septembre 2011, lors d’un talk-show, le businessman avait avoué avoir battu sa femme, ajoutant que «ce n’était pas très grave», car cela faisait «partie de la culture chinoise».

En Chine, près de 30% des femmes ont été déjà frappées par leur conjoint, mais selon Qi Lianfeng, l’avocat de Kim Lee, «il y a dix ans, le nom et le concept de violence domestique était inconnu pour les Chinois», a-t-il expliqué au quotidien britannique «The Daily Telegraph».

Pour le magistrat, cette affaire encouragera plus de femmes à briser le silence et «utiliser les armes judiciaires pour se défendre». Le divorce des Lee a été très médiatique faisant la une de l’actualité pendant plus d’un an.

Kim s’est vu accorder 50 000 yuans (environ 6 380 euros) de dommages et intérêts, ce qui représentait à l’époque le montant le plus élevé jamais accordé dans une affaire de divorce pour violences conjugales. De plus, la justice a accordé à l’américaine une ordonnance de protection de trois mois. Et son ex-marie devra lui payer 12 millions de yuans (environ 1,4 million d’euros) pour ses trois enfants.

A la sortie du tribunal, Kim a serré dans ses bras les bénévoles vêtues de «robes de mariées tachées de sang». Ces femmes ont mit en scène une performance artistique et une action subversive destinées à attirer l’attention sur la question des violences conjugales.

Suite à cette condamnation, les militantes ont lancé une pétition publique, assurant que «nous ne voulons pas d’une loi sur la violence domestique creuse, vide et symbolique… Nous voulons une loi qui ait un pouvoir bien réel. Nous espérons être informés du processus d’élaboration, y prendre part et le suivre de près».

Cette pétition a recueilli plus de 12 000 signatures, ce qui en fait la plus grande action en faveur des droits des femmes à ce jour en Chine.

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