mardi, avril 23

Le respect de l’hymne national chinois adopté à Hong Kong

La loi sur le respect de l’hymne national a été adopté par les députés, ce qui a été considéré comme « une victoire pour le groupe pro-Beijing face à l’intensification des différends politiques, alors que le projet de loi avait été retardé en raison de ‘perturbations’ causées par des députés du camp démocrate », a indiqué l’agence de presse, Xinhua.

Conseil législatif de Hong Kong, appelé Legco

Après trois lectures, la loi a été adoptée à 41 voix pour et 1 contre. La loi prévoit une amende maximale de 50 000 dollars hongkongais et de trois ans de prison, en cas d’irrespect de l’hymne. L’adoption du projet de loi survient après que les législateurs du camp démocrate ont utilisé diverses mesures pour interrompre les procédures de réunion.

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Pour les responsables chinois, «de nombreux médias ont décrit le projet de Loi sur le respect de l’hymne national chinois et la prochaine Loi sur la sécurité nationale à Hong Kong comme des lois controversées qui porteront atteinte à la grande autonomie et aux libertés du peuple de Hong Kong, mais certains législateurs et résidents locaux ont qualifié ces affirmations de fausses».

Mais «les deux projets de loi sont considérés comme légitimes car ils n’ont rien à voir avec une atteinte aux droits individuels des Hongkongais protégés par la Loi fondamentale, comme l’ont rapporté des médias occidentaux», ont avancé des observateurs chinois.

Ces lois ne viseraient qu’un petit groupe de personnes qui insultent l’hymne national chinois ou «mettent en danger la sécurité nationale», selon les responsables chinois et hongkongais.

Beijing peut modifier les lois hongkongaises

La loi sur l’hymne national chinois est mise en œuvre en Chine continentale depuis 2017, et le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN) a introduit la loi à Hong Kong par le biais de l’annexe III de la Loi fondamentale :

Conformément à l’article 18 de la Loi fondamentale, les lois nationales chinoises ne sont pas applicables dans la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong, à l’exception de celles énumérées dans l’annexe III de la Loi fondamentale.
(…) Le Comité permanent du Congrès national du peuple peut compléter ou supprimer la liste des lois de l’annexe III après avoir consulté son comité pour la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong et le gouvernement de la région. Les lois énumérées à l’annexe III de la présente loi se limitent à celles relatives à la défense et aux affaires étrangères ainsi qu’à d’autres questions qui ne relèvent pas de l’autonomie de la région telle que spécifiée par la présente loi.
Au cas où le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale déciderait de déclarer l’état de guerre ou, en raison de troubles dans la région administrative spéciale de Hong Kong, qui mettent en danger l’unité ou la sécurité nationales et échappent au contrôle du gouvernement de la région, décide que la Région est en état d’urgence, le Gouvernement populaire central peut émettre une ordonnance appliquant les lois nationales pertinentes de la Région.

De plus, les lois qui y sont énumérées – à savoir la common law, des règles d’équité, des ordonnances, législation subordonnée et Coutume (comme la loi de clan chinoise) – seront appliquées localement par voie de promulgation ou de législation par la RAS.

Un hymne controversé

Le gouvernement de la RAS de Hong Kong a commencé à présenter le projet de loi sur l’hymne national chinois au début de 2018, et les délibérations ont été retardées en raison des manifestations pro-démocratie de 2019.

D’ailleurs l’hymne est systématiquement hué lors des matchs de football dans la ville. D’autant plus que le sport est devenu un enjeu pour Beijing comme pour les Hongkongais qui défendent leur identité locale et leurs libertés, selon Brian Bridges, professeur assistant en sciences politiques à l’université Lingnan de Hongkong.

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Ce dernier a expliqué que «le phénomène des huées peut être perçu comme une manière de transférer des idéaux du mouvement Occupy Central vers une plateforme plus large.» Selon lui, «par son large public et son exposition médiatique, le foot est un terrain propice à l’expression d’une insatisfaction populaire».

Or Chan Cheuk-hay, président et directeur du Hong Kong College of Technology, a indiqué que «la décision de l’APN d’appliquer la Loi sur la sécurité nationale à Hong Kong et l’adoption du projet de loi sur l’hymne national chinois créeront les conditions de base des changements ‘écologiques’ de Hong Kong».

«Il faudra du temps pour que les jeunes de Hong Kong qui n’acceptent pas l’hymne chinois changent d’avis et obéissent à cette nouvelle loi, ce qui nécessitera également beaucoup de travail», a affirmé ce dernier. « Pourtant, cette loi aiderait certains d’entre eux à retrouver leur dignité, car ceux qui ne respectent pas leur propre pays seraient méprisés par le monde », a souligné Chan Cheuk-hay.

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