mardi, avril 23

Objectif 2017 : « environ 6,5% » de croissance

Le gouvernement a annoncé un abaissement à « environ 6,5% » de son objectif de croissance économique pour 2017, contre une fourchette de 6,5% à 7% en 2016, a indiqué le Premier ministre, Li Keqiang.

« La Chine recherchera de meilleurs résultats dans son travail économique actuel », selon un rapport présenté », a indiqué ce dernier, faisant écho aux déclarations de Xi Jinping, en début de semaine, appelant à  « rechercher le progrès en maintenant la stabilité dans le travail économique de cette année, pour assurer un développement stable et sain de l’économie ».

Le président avait d’ailleurs indiqué que « la Chine s’efforcera de promouvoir la qualité et l’efficacité de l’économie et d’approfondir la réforme structurelle du côté de l’offre », lors d’une réunion avec le Groupe dirigeant central sur la finance et les affaires économiques.

Pour 2016, la croissance de la seconde puissance économique mondiale était finalement tombée à 6,7%, son plus faible score depuis 26 ans. De fait, une performance de 6,5% serait la plus faible depuis 1990, lorsque l’économie s’était effondrée suite au mouvement pro-démocratique de la place Tiananmen en 1989.

Pas de quoi s’alarmer pour Li Keaqiang

De nombreux enjeux économiques et sociaux attendent la Chine

Malgré ce taux relativement bas, « l’objectif est conforme à la fois aux principes et aux réalités économiques et aidera à stabiliser les attentes du marché et à faciliter les ajustements structurels du pays », a tenté de rassurer Li Keqiang, car, selon lui, « il contribuera à atteindre l’objectif d’achever la construction d’une société modérément prospère à tous les égards ».

« L’une des raisons importantes de souligner la nécessité de maintenir une croissance stable est d’assurer l’emploi et d’améliorer les conditions de vie de la population« , a souligné le Premier ministre.

En effet, depuis quelques années, les conditions de vie sont devenues primordiales pour la population, car au-delà du niveau de pollution, le bien-être au travail et dans la vie de tous les jours sont des inquiétudes majeures désormais dans la société.

Tout comme l’emploi, qui reste un facteur d’équilibre entre les autorités et la population. Raison pour la quelle, le gouvernement fait tout pour assurer la création chaque année de plus de 10 millions d’emploi, seuil obligatoire pour maintenir la paix sociale.

Cette année, l’objectif est de créer 11 millions d’emploi dans les zones urbaines, d’inciter à l’entreprenariat pour les ouvriers licenciés des usines de charbon. Pour le chef du gouvernement, « compte tenu du caractère favorable des facteurs économiques fondamentaux et de leur capacité à créer des emplois, cet objectif est réalisable avec un travail assidu ».

D’ailleurs, le soutien aux infrastructures sera renforcé, a indiqué Li Keqiang, évoquant l’investissement de 800 milliards de yuans (104 milliards d’€) cette année dans des projets ferroviaires et de 1’800 milliards de yuans (230 milliards d’€) dans la construction d’autoroutes et de voies fluviales.

Des doutes persistent

Or pour Andrew Fennell, de l’agence de notation Fitch, interrogé par l’AFP, « l’expansion des dépenses publiques« , via des chantiers d’infrastructures et les entreprises d’Etat, « n’est pas tenable« , car cela pourrait installer de « graves dangers de déstabilisation ».

Quartier de Zhongguancun à Beijing

D’ailleurs, « la dépendance à une croissance dopée au crédit pose le risque d’un atterrissage économique brutal », a souligné Standard & Poor’s.  Certains analystes craignent une crise financière, car  « le ralentissement du marché immobilier et les mesures prises pour résoudre les pénuries dans le secteur des matières premières devraient peser à nouveau sur la demande et la production« , a alerté Tom Rafferty, directeur régional pour la Chine de l’Economist Intelligence Unit, au magazine Capital, en janvier 2017.

A cela s’ajoute l’envolée de la dette publique et privée, atteignant plus de 270% du PIB ; la hausse de 200 milliards de yuans (26 mds €) du déficit budgétaire du gouvernement, fixé à 2’380 milliards de yuans (309,4 mds e) en 2017 ; et l’essor de la « finance de l’ombre » non régulée hors du système bancaire, que le nouveau président de l’administration de régulation bancaire, Guo Shuqing, tente d’endiguer.

Face à ce défi, le gouvernement a décidé d’améliorer l’encadrement des marchés financiers, de contrer les « crocodiles » de la Bourse qui dévorent les économies des petits investisseurs. « Dans les marchés de capitaux, quand on est un magnat de la finance, on est jamais très loin d’être un gros crocodile de la finance« , a déclaré Liu Shiyu, président de la Commission de régulation des marchés financiers (CSRC).

« Les délits d’initié, les manipulations de marché et la dissémination de fausses informations ont été traitées par la tolérance zéro », a assuré l’organisme de régulation, se disant « décidé à combattre les magnats de la finance qui sont prêts à tout pour l’argent et le pouvoir ».

Dans le domaine immobilier, des mesures ont été mises en place dans certaines grandes villes pour maîtriser la bulle. Celles-ci vont également entrer en vigueur dans des villes plus modestes. Car l’immobilier et le BTP représentent environ 15 % du PIB chinois et soutiennent la production manufacturière -via notamment l’électroménager -, selon des estimations.

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