dimanche, mars 24

Retour à la délation au Xinjiang

Les autorités de la localité de Hotan au Xinjiang ont annoncé l’octroi de 2’000 yuans (275€) pour dénonciation d’un jeune homme ayant une barbe pouvait être le signe d’une dérive islamiste.

Pour financer ces récompenses dites « anti-terroristes », le gouvernement municipal a mit en place un fonds de 100 millions de yuans (13,7 millions d’euros). Ces récompenses pourront atteindre 5 millions de yuans pour la révélation d’un projet d’attentat ou pour quiconque « frappe, tue, blesse ou maîtrise des émeutiers« , a précisé Le Quotidien de Hotan.

« Dénoncer des extrémistes religieux utilisant faussement la religion pour perturber le fonctionnement des mécanismes judiciaires, administratifs, éducatifs ou autres, ou nuire aux lois du pays » pourra rapporter jusqu’à 1 million de yuans. Signaler un jeune barbu ou une femme entièrement voilée pourra valoir 2’000 yuans au dénonciateur, selon la même source.

D’ailleurs, mardi 21 février, les autorités de Pishan, une localité dépendant de Hotan, ont versé de leur côté 1,76 million de yuans (228 800 €) à des policiers et à des sauveteurs, intervenus la semaine dernière lorsque des assaillants ont poignardé à mort 5 personnes dans une foule.

La délation n’est pas nouvelle dans la région, en mars 2014, le gouvernement du Xinjiang avait offrent une récompense aux habitants qui signaleraient la présence de voisins se laissant pousser la barbe. Ces primes à la dénonciation, introduites dans le district de Shaya, allaient de 50 à 50’000 yuans (5,8 à 5’800 €).

Elles couvraient toute une série d’informations considérés utiles par la police, tel que la localisation des barbus et des personnes « se livrant à des activités religieuses illégales« , avait indiqué le Global Times.

En parallèle, les autorités locales avaient mené une campagne contre le port du voile auprès des femmes. Sous le nom d' »Objectif Beauté« , cette campagne encourageait les femmes à se promener tête nue et à abandonner le port du voile, auprès des femmes ouïghours, principale ethnie du Xinjiang.

Preuve des conséquences de cette politique, un an plus tard, en mars 2015, un tribunal de Kashgar avait condamné un homme à 6 ans de prison pour avoir « provoqué des troubles » en « se laissant pousser la barbe », son épouse avait elle été condamné à 2 ans de prison.

Il a été reproché à l’homme d’avoir « commencé à se laisser pousser la barbe depuis 2010« , tandis que sa femme « portait un voile masquant le visage et une burqa« . Le couple a finalement été condamné pour « avoir attisé des querelles et provoqué des troubles ». Des résidents de cette 2nde ville de la région avaient indiqué que les femmes devaient enlever leur voile dans les bâtiments publics et que les hommes devaient s’y présenter rasés.

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