mardi, avril 2

Visite de Nacy Pelosi à Taiwan : Washington évalue les risques avec Pékin

La possible visite de la cheffe des députés américains à Taiwan inquiète le gouvernement de Joe Biden, qui craint que ce voyage ne franchisse les limites que Pékin est prêt à tolérer.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijia, a indiqué à plusieurs reprises que la visite de Nancy Pelosi aura des conséquences. « Nous sommes pleinement prêts pour toutes les éventualités », a-t-il assuré, soulignant que les Etats-Unis « seraient responsables de toutes les conséquences graves » qui en découleraient.

De plus, « les forces armées chinoises ne resteront pas inactives si la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, visite Taiwan« , a averti Tan Kefei, porte-parole du ministère chinois de la Défense nationale.

Ce dernier a indiqué qu’elle « entraînera inévitablement des dommages extrêmement graves dans les relations entre les deux pays et les deux armées, et conduira à une nouvelle escalade des tensions à travers le détroit de Taiwan ».

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Interrogé sur la potentielle visite de Nancy Pelosi, Joe Biden a répondu que « l’armée pense que ce n’est pas une bonne idée, mais je ne sais pas où on en est ». Le gouvernement américain craint que la Chine ne fasse pas la différence entre la branche législative de l’Etat et l’exécutif.

De plus, Pékin considère le soutien de plus en plus important de Washington à Taïwan comme un appui à une déclaration d’indépendance formelle de l’île. Plusieurs délégations américaines ont récemment visité Taïwan, île soutenue par les États-Unis, et revendiquée par la Chine comme faisant partie de son territoire.

Si Nancy Pelosi se rend dans l’île, elle sera la personnalité américaine de plus haut rang institutionnel à s’y rendre depuis des décennies. Elle est en effet, après la vice-présidente Kamala Harris, celle qui serait amenée à succéder au président, selon le droit constitutionnel américain.

Les services de Nancy Pelosi ne confirment jusqu’ici pas de prochaine visite, mais la fuite de ce projet dans la presse a déjà suscité la colère de Pékin. Nancy Pelosi, elle-même, n’a pas dit si elle effectuerait bien ce voyage, mais elle a dit penser qu’il était « important pour nous d’afficher un soutien à Taïwan ».

Toutefois la controverse enfle de semaines en semaine. Pour le président américaine, celle-ci est malvenue car le président chinois, Xi Jinping, se prépare à renforcer son pouvoir au congrès du Parti communiste qui se tiendra en automne cette année.

« Il faut que Mme Pelosi se rende à Taïwan et que le président Biden fasse très clairement savoir au président Xi que le parti communiste chinois ne peut strictement rien faire pour l’en empêcher », a ainsi déclaré le sénateur républicain Ben Sasse.

Le gouvernement américain considère la Chine comme son principal concurrent sur la scène internationale. Il évoque fréquemment la nécessité d’établir des « garde-fous » pour empêcher que les divergences entre les deux pays ne dégénèrent en conflit incontrôlable.

Les chefs de la diplomatie chinoise et américaine, Wang Yi et Antony Blinken, se sont rencontrés début juillet à Bali pour essayer de détendre les relations entre les deux superpuissances.

Joe Biden est confronté à « un vrai problème, parce que s’il recule, s’il tente de décourager Nancy Pelosi d’y aller, il apparaîtra faible, s’inclinant devant les pressions chinoises », a estimé Robert Sutter, de la George Washington University.

Les visites d’élus américains à Taïwan ont suscité jusqu’ici des réactions diverses de la Chine « mais avec celle-ci, ça pourrait être grave », a indiqué ce dernier. Les dirigeants chinois « vont peut-être penser qu’ils doivent faire quelque chose de spectaculaire si Pelosi arrive effectivement à Taipei », en particulier avant le congrès du PCC.

Nancy Pelosi critique ouvertement le gouvernement chinois depuis des années. Elle s’est liée d’amitié avec le Dalai Lama et en 1991, lors d’une visite à Pékin, elle avait scandalisé ses hôtes chinois en déroulant une bannière sur la place Tiananmen en mémoire aux manifestants pro-démocratie qui y avaient été tués en 1989.

Face à la montée en puissance de Pékin, les Etats-Unis soutiennent Taïwan de plus en plus ouvertement. Joe Biden avait déjà provoqué la colère de Pékin en affirmant fin mai que les États-Unis interviendraient militairement pour soutenir Taïwan en cas d’invasion par la Chine. Il était revenu ensuite en arrière, affirmant son attachement à «l’ambiguïté stratégique».

Les Etats-Unis reconnaissent la République Populaire de Chine depuis 1979, selon le principe d’une « seule Chine » dont la capitale est à Pékin. Ils ne reconnaissent pas officiellement Taïwan, tout en soutenant militairement l’île.

Lors d’une visite à Taipei en mars, l’ancien chef de la diplomatie américaine de Donald Trump, Mike Pompeo, avait appelé les Etats-Unis à reconnaître Taïwan comme « pays libre et souverain », soulignant qu’il s’agissait de « la reconnaissance d’une réalité indubitable et déjà existante ».

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