mardi, avril 2

Le Canada s’impatiente

La détention de deux Canadiens en Chine pourrait créer «un précédent pour le monde», a évoqué la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Cette dernière a expliqué lors d’une conférence téléphonique le 22 décembre qu’elle a formellement dénoncé cette «détention arbitraire» auprès des autorités chinoises, exigeant la libération de Michael Spavor et Michael Kovrig.

Michael Spavor et Michael Kovrig ont pu rencontrer John McCallum, ambassadeur du Canada en Chine. Toutefois, il semblerait que Michael Kovrig, emprisonné depuis deux semaines, n’aurait toujours pas eu accès à un avocat, a affirmé son employeur, l’International Crisis Group (ICG).

Le porte-parole de l’ICG, Karim Lebhour, a estimé que le Canadien devrait au moins être autorisé à rencontrer un avocat et à recevoir des visites consulaires régulières. D’après une source citée par La Presse canadienne et l’Agence France-Presse, Michael Kovrig serait actuellement détenu dans une pièce où les lumières sont allumées en permanence et subirait des interrogatoires trois fois par jour.

Ancien diplomate en Chine jusqu’en 2016, Michael Kovrig travaille pour l’International Crisis Group, organisation non gouvernementale installée à Washington. Michael Spavor est le directeur de l’organisation Paektu Cultural Exchange et l’un des rares Occidentaux à avoir rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Les deux hommes sont détenus par Beijing depuis le 10 décembre «pour des raisons de sécurité nationale». Leur arrestation est survenue quelques jours à peine après celle de Meng Wanzhou, directrice financière de la société chinoise Huawei Technologies, par les autorités canadiennes à Vancouver, à la demande de la justice américaine.

Washington veut son extradition pour qu’elle réponde aux États-Unis à des accusations de fraude visant à détourner les sanctions contre l’Iran. «Ce n’est pas seulement un enjeu canadien», Chrystia Freeland.

Cette dernière a demandé à la communauté internationale de continuer à s’engager dans le dossier. Le Canada a reçu l’appui des Etats-Unis, du Royaume-Uni, et de l’Union européenne.

Le secrétaire britannique aux Affaires étrangères Jeremy Hunt, a déclaré le 21 décembre qu’il était «profondément préoccupé par les suggestions d’une motivation politique» dans cette affaire. «Je demande que [les deux Canadiens] soient traités de manière juste, impartiale et transparente», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué publié cette semaine, les directeurs de plusieurs organismes politiques européens à Berlin ont exprimé leur «profonde préoccupation» au sujet des Canadiens détenus.

«De tels développements augmentent l’incertitude et la méfiance des chercheurs étrangers qui mènent régulièrement des recherches en Chine, qui craignent pour leur sécurité. Cela sapera clairement les efforts visant à mieux comprendre les développements en Chine et à renforcer les relations constructives entre la Chine et les autres pays», ont indiqué ces organismes parmi lesquels figurent le Conseil européen des relations étrangères, l’Institut Mercator pour les études chinoises et le Global Public Policy Institute.