lundi, avril 29

Mazu, déesse populaire protectrice des marins

Vénérée sur la côte méridionale de la Chine, Mazu est une déesse de la mer. Cette divinité bouddhiste dévote aurait vécu au Xème siècle, au cours des Cinq Dynasties de la dynastie Song. Son culte semble démarquée de celui de Guanyin. Elle est aussi une figure très appréciée des tempes taoïstes de Taiwan.

Née sous les Song, originaire de Meizhou dans le district de Putian, province du Fujian, le culte de Mazu semble partir du Fujian et prend son essor durant la dynastie Song. Le premier temple consacré à Mazu apparaît au XIème siècle à Dinghai.

Selon la biographie officielle des temples, elle serait née en 960 et morte à 27 ans en 987. Lors de sa naissance une lumière rouge aurait inondé la chambre. Après un mois de naissance, elle n’avait toujours pas pleuré, le nom de Moniang, «la silencieuse» lui a été attribué. Elle manifeste dès son jeune âge le goût de l’étude du Tao (ou de la dévotion aux bouddhas, taoïsme et bouddhisme se mêlant dans la religion populaire).

À 16 ans, après plusieurs années de méditation, elle avait acquis des pouvoirs extraordinaires, dont celui de sauver les navigateurs en détresse. D’autres versions en font une fille de pêcheur douée d’un sixième sens lui permettant de détecter les marins en détresse. D’autres encore prétendent qu’elle avait l’habitude d’aller sur la côte avec une lampe les soirs de tempête pour guider les bateaux et serait morte noyée en tentant de sauver son frère. Certains en font un avatar du bodhisattva féminin Guan Yin.

Le premier empereur à reconnaître officiellement sa puissance fut Huizong des Song, à la suite du témoignage de l’ambassade envoyée en direction du royaume coréen de Koguryo. La flotte ayant rencontré une tempête, certains auraient aperçu une femme vêtue de rouge venant à leur aide. L’empereur a alors offert à son temple une inscription «sauvetage à point nommé».

Les noms de Mazu

Le nom de Mazu se décompte aussi en Ma «mère» et Zu «ancêtre». Elle est souvent appelée par l’un des titres qui lui ont été décernés par l’administration impériale en reconnaissance de son importance, comme c’est la coutume pour les divinités chinoises.

Depuis le règne de l’empereur Huizong, de la dynastie Song, (r. 1000-1125) jusqu’à l’ère de Daoguang, de la dynastie Qing (1820-1850), Mazu a reçu près de trente titres, dont les plus usités sont : Tianfei ou Tianfei niangniang «Dame du palais céleste», Tianhou «Impératrice céleste», Tianshang shengmu «Sainte mère céleste».

Elle a été nommée Lin Moniang ce qui signifie «fille silencieuse» parce qu’elle n’a pas pleuré à la naissance. Son origine mortelle est associée à Lin Moniang (林默娘 : Lín Mòniáng), et sa forme divinisée correspond à une certaine Lin Mo une shaman de Fujian qui aurait vécu au Xième siècle.

Un être de légende

Elle fut vénérée après sa mort comme une divinité tutélaire des marins et des pêcheurs. Certaines légendes racontent qu’elle parcourait les mers pour protéger ses croyants par des interventions miraculeuses.

Son culte s’est répandu surtout dans les régions côtières de l’Asie du Sud-Est et dans les communautés chinoises d’outre-mer. Elle est maintenant généralement considérée comme une reine du ciel puissante et bienveillante.

Plusieurs légendes tournent autour d’elle. l’une d’elle raconte qu’à l’âge de 16 ans, Mazu a sauvé plusieurs membres de sa famille lors de l’attaque d’un typhon.

Une autre légende explique que les femmes de la maison craignaient pour la vie de Lin Yuan et de son (ses) fils. Mazu, travaillant sur son métier à tisser, tomba à terre et entra en transe.

Grâce à son pouvoir spirituel, elle est parvenu à sauver les hommes de la noyade, mais sa mère l’a réveillée au moment où elle était en train de remontrer son frère. Celui-ci sombra dans la mer. Quand son père revint sain et sauf, il raconta ce miracle aux villageois. Cette version de l’histoire est retracée sur les peintures murales à Fengtin dans le Fujian.

Il existe d’autres versions où Mazu arrive à sauver tout le monde, ou encore que le père serait mort noyé, poussant Mazu à rechercher pendant trois jours son corps.

Mazu est morte célibataire à 27 ou 28. Ce célibat a parfois été attribué à un vœu qu’elle a formulé après avoir perdu son frère en mer. On dit qu’elle est morte en méditation mais selon certains récits, elle n’est pas morte, mais elle a escaladé seeule une montagne pour atteindre le ciel, devenant déesse dans un rayon de lumière. Dans une autre version, elle serait morte lors de fiançailles non souhaitées.

Certains textes racontent que Mazu est morte à l’âge de 16 ans. Elle se serait noyée après s’être épuisée à recherche son père noyé. Cette légende met en avant le principe confucianiste de sa piété filiale.

Son cadavre se serait échoué sur l’île de Nangan, où se trouve une sépulture qui serait peut-être la sienne.

Deux démons protecteurs

Certains textes attestent qu’elle se tient debout sur un nuage pour scruter les mers, elle est vêtue d’un vêtement rouge, servant de repère aux marins. Elle est accompagnée de deux assistants : Qian li yan «yeux [qui voient à] mille lis» et Shun feng er «oreilles [qui entendent les sons] amenés par le vent». L’un des démons est rouge avec deux cornes, et l’autre est vert avec une seule corne.

Il s’agit des démons Qianliyan (« Oeil des Mille-Miles ») et Shunfeng’er (« Oreille qui suit le vent »), tous deux tombés amoureux. Elle a concédé qu’elle épouserait celui qui la battrait au combat. Utilisant ses compétences en arts martiaux, elle les battit tous les deux et ils devinrent de grands amis lui servant de gardes.

Dans les temples, sa statue est le plus souvent celle d’une femme au visage noir vêtue en impératrice.

Des rituels spécifiques

Le culte de Mazu a débuté durant la dynastie des Song. Elle est aujourd’hui vénérée dans les régions côtières du sud-est de la Chine, en particulier dans le Zhejiang, Fujian, Guangdong, Hainan et de Taiwan, ainsi que dans l’Est et l’Asie du Sud. Au total, il y a environ 1500 temples Mazu répartis dans 26 pays à travers le monde.

Les rituels les plus importants ont lieu aux alentours de l’anniversaire officiel de la divinité, le 23 du troisième mois lunaire. Comme pour tous les anniversaires divins dans la religion traditionnelle chinoise, le temple de Mazu est décoré, des cérémonies et des spectacles sont organisés. Une procession a souvent lieu, pendant laquelle la statue de la Déesse est portée en palanquin pour faire le tour de son temple.

Il y a également une grande procession de Dajia à Beigang, lors du 3ème mois de l’année lunaire. Le temple de Dajia organise une procession qui conduit Mazu jusqu’au temple de Beigang en passant par celui de Xingang. Cette procession porte le nom particulier de « Mazu rentre chez sa mère », une référence aux liens de parenté entre les temples de Dajia et Beigang.

Ensuite, les temples accueillent parfois la visite d’une statue de Mazu venue d’un temple plus prestigieux que le leurs. Cette cérémonie se nomme «accueil de Mazu». Elle donne parfois lieu à de grandes retrouvailles de plusieurs versions de la déesse. Ainsi dans le comté de Taichung, chaque année au troisième mois une statue connue sous le nom de «Mazu des 18 villages» est invitée par ses consœurs de différents temples à tour de rôle, et mène la procession commune de toutes les effigies.

Enfin, il y a le pèlerinages en groupe qui est autant prisé que les pèlerinages individuels. La statue en visite est déposée sur l’autel et un échange d’encens est effectué entre les deux déesses. En République populaire de Chine a eu lieu en 1987 à Meizhou dans le Fujian la commémoration des 1000 ans de culte de Mazu.

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