dimanche, mars 31

Paris convoque l’ambassadeur de Chine, Lu Shaye

Le ministère français des affaires étrangères a publié un communiqué dans lequel il explique que « face au virus et à ses conséquences sur nos économies, les polémiques n’ont pas leur place et la France œuvre résolument en faveur de l’unité, de la solidarité et de la plus grande coopération internationale ».

Publié mardi 14 avril dans la soirée, il révèle que l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a été convoqué dans la matinée du 15 avril. Le ministre Jean-Yves Le Drian a dit s’être « entretenu quatre fois depuis fin janvier, et encore la semaine dernière, de façon très positive, avec mon homologue chinois sur la lutte contre la pandémie. Des actes de solidarité réciproque entre la Chine et la France témoignent de notre volonté d’y faire face de manière coordonnée ».

« Certaines prises de position publiques récentes de représentants de l’ambassade de Chine en France ne sont pas conformes à la qualité de la relation bilatérale entre nos deux pays et à la relation de confiance et d’amitié que le Président de la République entretient avec le Président XI Jinping et à celle que j’entretiens avec mon homologue, Wang Yi ».

Arrivé en France à l’été 2019, Lu Shaye a une réputation de «faucon», depuis son précédent poste au Canada. La France lui avait déjà indiqué que certaines de ses déclarations au sujet de Huawei étaient déplacées. D’après le Quai d’Orsay, il publie ses commentaires sous le titre d’«observations d’un diplomate chinois en poste à Paris».

« J’ai fait connaître clairement ma désapprobation de certains propos récents à l’ambassadeur de la République populaire de Chine en France, lors de sa convocation au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ce mardi 14 avril au matin », a noté le ministre.

Dans une publication, datée du 12 avril, intitulée «Rétablir des faits distordus: Observations d’un diplomate chinois en poste à Paris», un diplomate chinois anonyme fustigeait en termes très rudes les Américains et les Européens pour leurs critiques à l’égard de son pays, au sujet de la gestion de l’épidémie.

Renvoyant les voix critiques à leurs responsabilités, l’auteur écrivait notamment :

«on a fait signer aux pensionnaires des maisons de retraite des attestations de « Renonciation aux soins d’urgence »; les personnels soignants des EHPADs ont abandonné leurs postes du jour au lendemain, ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie ; on a vu le Commandant d’un porte-avions demander à ses supérieurs l’autorisation d’accoster pour permettre à des marins infectés d’être traités à terre. Il a été limogé…, et j’en passe. Et pourtant, je n’ai pas vu beaucoup de reportages ou d’enquêtes approfondies des grands médias occidentaux révélant ces faits. Ces médias et ces experts, tant épris d’objectivité et d’impartialité, ont-ils donc une conscience? Ont-ils la déontologie?».

L’utilisation de l’acronyme EHPAD ne laissait aucun doute sur le pays visé, la France. Or, après vérification, il apparaît que la source de l’ambassade est un article de Ouest-France évoquant… l’Espagne, a expliqué le site 20minutes.

L’auteur indique que «l’OMS a fait l’objet d’un véritable siège de la part des pays occidentaux, certains lançant même des attaques ad-hominem contre son Directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les autorités taiwanaises, soutenues par plus de 80 parlementaires français dans une déclaration co-signée, ont même utilisé le mot «nègre» pour s’en prendre à lui. Je ne comprends toujours pas ce qui a pu passer par la tête de tous ces élus français».

Dans une tribune publiée le 31 mars dans l’hebdomadaire français L’Obs, des parlementaires français et taïwanais déplorent que Taïwan soit «toujours et encore exclu» de l’OMS, sans toutefois employer de propos insultant.

La République de Chine, considéré par Beijing comme faisant partie du territoire chinois, a été exclue de l’OMS, au sein de laquelle elle bénéficiait d’un statut d’observateur jusqu’en 2016, date de l’arrivée au pouvoir de Tsai Ing-wen qui refuse de reconnaître le principe de l’unité de Taïwan et de la Chine continentale au sein d’un même pays.

«Le Covid-19 est une pandémie qui touche tous les continents et toutes les sociétés. Face au virus et à ses conséquences sur nos économies, les polémiques n’ont pas leur place», souligne le ministre français des Affaires étrangères dans son communiqué.

La Chine a largement endigué l’épidémie de Covid-19, dont les premiers cas avaient été signalés en décembre sur son territoire. Beijing a offert ces dernières semaines des masques, des combinaisons de protection ou encore des gants aux pays durement touchés par le Covid-19. Mais certains responsables européens ne cachent plus leur irritation face à Beijing, accusé d’avancer ses pions géopolitiques sous couvert de générosité et de diplomatie sanitaire.

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