dimanche, avril 7

D’après Huawei, le Canada a été trompé par les Etats-Unis

La procédure d’extradition vers les Etats-Unis de la directrice financière Huawei, Meng Wanzhou, a repris le 28 septembre devant un tribunal canadien.

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei

Ses avocats accusent la justice américaine d’avoir « trompé de façon flagrante » le Canada sur ses crimes présumés dans le but d’obtenir son arrestation.

Meng Wanzhou a assisté en personne à la première journée d’audience devant la Cour suprême de Colombie-Britannique, pour la première fois depuis le début de la pandémie.

La directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei a été arrêtée le 1er décembre 2018, durant une escale à l’aéroport de Vancouver, à la demande de la justice américaine qui l’accuse d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran.

La justice américaine a « trompé de façon flagrante » le Canada, ce qui devrait entraîner l’annulation de la procédure d’extradition, ont immédiatement affirmé ses avocats. Pour ces derniers, les Etats-Unis ont « manqué à leur devoir de franchise et de sincérité ». Ils pointent du doigt des « inexactitudes » et des « omissions » présumées lorsqu’ils ont demandé au Canada l’arrestation de Meng Wanzhou fin 2018.

L’arrestation de la fille du fondateur du groupe Huawei, placée en résidence surveillée à Vancouver, a déclenché une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Beijing.

Une dizaine de jours plus tard, l’ex-diplomate canadien Michael Kovrig et son compatriote consultant Michael Spavor ont été arrêtés en Chine, avant d’être inculpés d’espionnage mi-juin. Leur détention est considérée en Occident comme une mesure de représailles.

Washington accuse Meng Wanzhou d’avoir menti à la banque HSBC sur la relation entre Huawei et Skycom, une filiale qui vendait des équipements de télécommunications à l’Iran, exposant la banque à une possible violation des sanctions américaines contre Téhéran.

Huawei était propriétaire de Skycom jusqu’à ce que la société décide de céder ses parts à une autre société, également sous son contrôle, selon les autorités américaines.

Lire aussi : Les avocats de Meng Wanzhou veulent la suspension du processus d’extradition

Les Etats-Unis assurent que Meng Wanzhou n’a pas communiqué ces informations à HSBC, exposant la banque à de nouvelles sanctions civiles et pénales après avoir payé des amendes pour avoir violé des sanctions en réalisant notamment des transactions avec Cuba ou la Libye.

« Elle a dit tout ce qu’ils avaient besoin de savoir pour mesurer le risque de sanctions« , a plaidé l’avocat Scott Fenton. Meng Wanzhou a selon lui précisé que procéder à des transactions à travers le système bancaire américain serait risqué pour HSBC, lors d’une présentation Powerpoint à un cadre de la banque, à Hong Kong en 2013, au cœur de la procédure.

« La grande majorité de ce que (Mme Meng) a déclaré à HSBC n’est pas inclue dans le résumé et il y a, dans la deuxième partie, des déclarations-clés (faites par Mme Meng) qui démontrent, par leur omission, que le résumé et le dossier sont à l’évidence peu fiables et gravement trompeurs », a-t-il argué.

Lire aussi : La requête de la dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou, rejetée

Géant chinois des télécoms dans le monde, Huawei a été mis en cause, sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, par le gouvernement Trump qui met en avant un risque d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois.

« L’administration Trump a transmis aux autorités canadiennes un flot constant de fausses informations au sujet de Meng Wanzhou et a abusé le système judiciaire canadien », a accusé Alykhan Velshi, porte-parole de Huawei Canada, auprès de l’Agence France Presse.

Les avocats de Meng Wanzhou dénoncent aussi l’existence d’un complot entre les autorités canadiennes et américaines qui se seraient accordées pour rassembler des preuves et interroger leur cliente sans la présence d’un avocat pendant plusieurs heures lors de son escale, avant de l’arrêter officiellement.

Les audiences à Vancouver doivent se poursuivre jusqu’au 2 octobre. La procédure d’extradition de Meng Wanzhou devrait durer au moins jusqu’au printemps 2021, mais pourrait s’étendre sur plusieurs années en cas d’appels.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *