vendredi, avril 26

La fin du dollar entre Pékin et Tokyo

La Chine et le Japon ont décidé de traiter leurs échanges commerciaux sans le dollar américain, a indiqué le ministre japonais des Finances, ce mardi 29 mai. Cette décision contraste avec les récentes déclarations conflictuelles concernant les îles Diuaoyu/Sensaku.

yen yuanLes deux puissances économiques mondiales (Chine : 1ère, Japon : 3ème) veulent ainsi dynamiser leurs commerces et investissements bilatéraux. D’où la nécessité pour eux d’échanger des Yuans contre des Yens, et vice versa. Cette opération sera désormais possible grâce à un calcul de taux de change qui se fera sans passer par la monnaie américaine.

Beijing tient à réduire les risques de fluctuation du dollar, qui a vu sa courbe faire des dents de scie depuis quelques mois. Cette instabilité monétaire pèse sur l’économie chinoise qui possède une bonne partie de la dette américaine en bon du Trésor.

Pour la première fois, la Chine accepte de négocier sans passer par le US dollar, mettant un peu plus en avant sa stratégie d’internationalisation progressive de sa monnaie, le renminbi (yuan).

« C’est un pas important vers l’internationalisation du yuan. Cet accord ouvre les portes à une conversion future de la monnaie chinoise directement dans d’autres monnaies et cela en plus de ce traité yen-yuan, poursuit Yao Wei. Il y aura donc d’autres monnaies qui entreront dans cet accord à l’avenir », a estimé au micro de RFI, Yao Wei, analyste Chine pour la Société générale, à Hong Kong.

Dans le cadre de cette internationalisation, Beijing et Tokyo avaient signé, fin 2011, une série d’accords financiers visant à faciliter le commerce entre les deux pays. Depuis, Tokyo a annoncé l’achat d’obligations d’État chinoises, signe de la confiance que porte le Japon à l’économie chinoise. D’ailleurs des obligations japonaises libellées en yuans devraient également être mises sur le marché au Japon.

« La longue marche vers l’internationalisation du yuan est donc en route mais le chemin sera encore long. Malgré nos efforts, le yuan n’est pas encore une monnaie de réserve », a expliqué Xia Yeliang, professeur d’économie à l’université de Pékin à Radio France International.

Ce dernier a souligné que « si nous pouvons échanger directement sans passer par le dollar avec des blocs économiques importants, cela facilitera évidemment les questions de liquidités et de dettes. Mais il a fallu beaucoup d’efforts pour arriver à ce niveau de confiance et ces efforts sont régulièrement interrompus par nos des problèmes politiques ».

L’accord Yen-Yuan devrait contribuer à la stratégie monétaire chinoise, et plus généralement à son plan de relance basé sur les grands chantiers d’infrastructures des grandes compagnies d’État. Mais sur le long terme, la Chine aura besoin des entreprises privées pour tirer la croissance vers le haut et ainsi posséder une place financière de taille internationale.

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