vendredi, avril 26

« La démocratie vue de la Chine », par Yoro Diallo

Le Professeur Yoro Diallo est intervenu lors du Forum international sur la démocratie: « les valeurs humaines de l’action », sur le thème de la « démocratie est la valeur humaine partagée », les 4 et 5 décembre 2021.

Notre importante conférence, a lieu à la fin de l’année 2021, l’année du 100ème anniversaire de la fondation du Parti Communiste Chinois. C’est l’année de la 6ème importante Session du Comité Central du Parti Communiste Chinois qui a pris une résolution historique mettant l’accent sur les principales réalisations et les expériences historiques du PCC depuis sa fondation en 1921.

C’est l’année du 50eme anniversaire de l’adhésion de la République Populaire de Chine à son siège légitime à l’Organisation des Nations Unies. C’est l’année du 11ème anniversaire de la création du Forum Chine-Afrique des Think-Tanks. 2021 est aussi et surtout l’année de la présidence chinoise du Conseil de Sécurité de l’ONU, l’année qui marque une étape importante dans la nouvelle marche de la Chine vers l’objectif ultime : « la transformation de la Chine en un pays socialiste moderne, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé à l’horizon 2049 », centième anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine C’est là « le rêve chinois du grand renouveau de la nation chinoise ».

Le président Xi Jinping

A cette occasion historique permettez-moi tout d’abord de rendre un vibrant hommage aux héros fondateurs du PCC, au porte flambeau de ces héros, j’ai nommé le Président Xi Jinping, le Dirigeant qui est en train d’écrire des pages glorieuses de l’histoire de la Nation Chinoise et la de la Démocratie de la Gouvernance mondiale.

En parlant de la « Vision de la démocratie à la chinoise », l’étude de la pensée de Xi Jinping nous aide éloquemment à comprendre  le fondement de cette Démocratie Chinoise.

Lors d’une réunion du Comité Central du Parti Communiste Chinois, le Président Xi Jinping a déclaré : « Pour juger si un pays est démocratique, il faut voir si le peuple est réellement maitre de son propre destin ». Il a énoncé en profondeur le concept de « démocratie populaire avec son processus complet. Un système propre à la démocratie chinoise consistant à assurer le statut du peuple étant maitre du pays et à satisfaire aux besoins du peuple de manière concrète ». Porteur institutionnel majeur de la démocratie populaire de tout le processus, le système de l’Assemblée Populaire permet au pouvoir et au gouvernement d’entendre la voix du peuple à toutes les étapes : la prise de décision, l’exécution et la supervision.

Le système politique en Chine, est une forme de gouvernance dans laquelle la souveraineté émane du peuple. Bien que la Chine soit gouvernée par les instances du Parti communiste chinois,  le pays pratique le pluralisme. Chaque année, huit partis sont représentés à la Conférence consultative politique du peuple chinois. Pour une meilleure compréhension de la Chine, il faut donc abandonner l’esprit figé de la guerre froide et les jugements stéréotypés, les avis calqués.

Il faut voir la Chine d’une façon globale et visionnaire. La Chine a trouvé son propre modèle démocratique, avec une démocratie à la Chinoise adaptée à sa situation au lieu de développer une démocratie à l’Occidental. La réussite de la démocratie à la chinoise nous apprend que seul le peuple peut juger si le pays est démocratique. Il ne revient ni à un autre pays, ni à la communauté internationale de décider si un pays est démocratique ou pas.

L’examen du système politique démocratique chinois, nous révèle que ledit système diffère de celui, existant dans les pays occidentaux qui se qualifient de « pays démocratiques » sur la base de critères qu’ils sont les seules à établir. Dans nombre de ces pays, le système politique est une véritable scène de lutte permanente pour le pouvoir, où s’affrontent généralement deux ou trois Partis politiques désignés sous les noms de Partis de droite, Partis de gauche ou Partis d’extrême droite. Un Parti centriste existe dans certaines circonstances.

Ces Partis tirent pour l’essentiel leur légitimité de détenteurs (classes) des moyens de domination économiques et financiers en relation avec des lobbies, des magnats de médias et parfois de vraies mafias. La concurrence farouche et l’adversité féroce qui s’installent entre les Partis politiques, participent parfois des causes profondes de conflits sociaux, ethniques, susceptibles de conduire à la déstabilisation de tout un pays.

Les peuples Africains souffrent de ce système imposé telle une camisole de force par les anciens colonisateurs. A cette époque, il y a eu, notamment en Afrique de l’Ouest, tant dans les anciens territoires français que britanniques, l’instauration d’un système de pouvoir électif avec un multipartisme a l’occidental. Par la suite, les Africains ont mis en place des dispositifs électoraux calqués  sur ceux d’Europe. Alors qu’il existait en Afrique des traditions et des modèles démocratiques qui ne recourent pas forcement à l’élection

A travers le monde, les systèmes politiques sont généralement déterminés par les conditions (l’histoire, la culture et le développement) propres à chaque pays. La diversité des systèmes est liée à la diversité des sociétés humaines, de l’histoire des Nations et des parcours des peuples. En République Populaire de Chine, le système politiques se nourrit des expériences historiques du Peuple Chinois, de l’engagement patriotique et de la sincère coopération entre neuf (9) Partis politiques et des Personnages non affiliés à des Partis (les Indépendants).

Ici, le système politique adopté par le peuple est connu sous le nom de « coopération multipartite et de consultation politique » sous la direction du Parti Communiste Chinois. Ce système qui a été construit au cours de longues années de lutte révolutionnaire, de développement national, de réformes socialistes est un système politique qui répond aux conditions de la Chine. La Constitution de la République Populaire de Chine stipule que « le système de coopération multipartite et de consultation politique sous la direction du Parti Communiste Chinois continuera d’exister et de se développer pendant encore longtemps ». Le Parti Communiste Chinois et les autres Partis politiques du pays sont tenus de considérer la Constitution comme « la norme fondamentale de leur conduite, de défendre la dignité de la Constitution et d’assurer sa mise en œuvre ».

En Chine, le système de coopération multipartite et de consultation politique  constitué de neuf Partis politiques et des personnages non affiliés à un Parti (les Indépendants) fait place à un noyau du leadership assuré par le Parti Communiste Chinois pour « la cause du socialisme aux caractéristiques chinoises ».

Le Parti Communiste Chinois incarne la tendance du développement des forces productives chinoises et les intérêts fondamentaux de l’écrasante majorité du Peuple chinois. La ligne philosophique qui guide l’action du PCC repose sur le marxisme-léninisme, la pensée de Chairman Mao, la théorie de Deng Xiaoping et la vision de Xi Jinping.

Dès sa fondation le 1er juillet 1921, le Parti Communiste Chinois a engagé une vaillante lutte qui a durée 28 longues années pour vaincre le féodalisme, l’impérialisme et le capitalisme bureaucratique. Il a conquis le pouvoir d’État et fondé la République Populaire de Chine (RPC) le 1er Octobre 1949.

Après la fondation de la Chine Nouvelle, le PCC au pouvoir, a établi le système socialiste de base, mené le Peuple Chinois multiethnique sur la voie de la transformation du pays, du progrès et du renouveau de la Nation Chinoise. En 1978, lors du onzième Comité Central, le PCC a mené une étude approfondie des expériences acquises et pris « la décision stratégique de changer d’orientation  pour la modernisation socialiste ».

Ce fut un tournant décisif dans l’histoire du Parti mais aussi de celle de la Chine. Le développement économique est devenu la pièce maîtresse des actions du PCC. Fermement attaché à « la Réforme et à l’Ouverture », le Parti Communiste Chinois a conduit le peuple Chinois à des réalisations extraordinaires reconnues par le monde entier comme de véritables miracles humains. Le Parti a méthodiquement façonné les théories, la ligne, les principes et les politiques de « construction du socialisme aux caractéristiques chinoises » et a entamé « une nouvelle ère de développement socialiste ». De nos jours les structures du PCC sont présentes dans tous les villages, les municipalités, les provinces et les régions autonomes du pays avec un total de plus 95 millions de membres actifs.

Pour mieux comprendre un phénomène, il faut rentrer dans son histoire. Ainsi nous éviterons, comme le fond nombre de personnes à travers le monde, de porter un regard, à bien des égards, caricatural sur la Chine. Un regard caricatural qui est le plus souvent la conséquence de préjugés découlant de l’ignorance ou de l’aveuglement.

Or, « il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ». La Chine d’aujourd’hui est un grand pays ayant une longue histoire de féodalisme et de domination coloniale. A partir de 1840, les multiples agressions des puissances impérialistes occidentales, l’impuissance du régime féodal à faire face aux envahisseurs et la corruption généralisée, ont fait de la Chine une société semi-coloniale et semi-féodale. Pendant plus d’un siècle, la Nation Chinoise a été plongée dans des crises abominables multiformes. La misère extrême et l’humiliation constituaient le seul droit des populations. Défiant des conditions de vie très  difficiles, le peuple chinois s’est engagé dans des luttes héroïques qui dureront plusieurs années et plusieurs générations.

Au début du XXème siècle, le Dr Sun Yat-Sen (ima ci-contre) lance « la révolution démocratique bourgeoise » connue sous le nom de «  la Révolution de 1911 ». Cette révolution renverse le système monarchique autocratique vieux de plusieurs millénaires pour donner naissance à la République de Chine. Une Constitution provisoire est promulguée par le gouvernement intérimaire. Le système politique parlementaire multipartite à l’occidental est établit. La conséquence est la floraison de Partis politiques dans le pays (plus de 300).

Dans la lutte pour les sièges au Congrès, le Kuomintang (Kuo-Min-Tang, Parti national ou KMT) se démarque de ses rivaux et obtient la majorité absolue. Les forces réactionnaires nationales et étrangères n’acceptent pas cet état de fait. Après l’assassinat de Song Jiaoren, Yuan Shikai monte sur le trône de la monarchie restaurée. Le Kuomintang et le Congrès seront dissous. Le système parlementaire multipartite adopté par la bourgeoisie nationale et les Partis politiques alliés abouti à un échec total.

Bien que progressiste comparativement à la monarchie autocratique, le système politique à l’occidental ne répondait pas aux problèmes majeurs de la société chinoise. Sun Yat-sen dira que «la Chine ne pouvait pas simplement copier la politique occidentale pour gouverner sa propre société, car les conditions sociales et les traditions du pays étaient très différentes de celles de l’Europe et de l’Amérique». Le régime de Tchang Kaï-chek qui représentait les intérêts des grands propriétaires terriens et des grands bourgeois, était une autocratie qui monopolisait tout le pouvoir d’État.

Lorsqu’éclate la guerre de résistance contre l’envahisseur Japonais, le gouvernement du Kuomintang exclu le Parti Communiste Chinois et les autres Partis politiques. Après la victoire sur le Japon, le Parti Communiste Chinois propose la mise en place d’un gouvernement de coalition démocratique. Le Kuomintang rejette cette proposition et revient sur l’accord portant sur la consultation politique, provoquant ainsi la guerre civile. Le Parti Communiste Chinois et huit autres Partis politiques décident ensemble d’explorer un nouveau système de Partis politiques en rapport avec les réalités économiques, sociales et culturelles du peuple chinois.

Le PCC adopte  le Marxisme-Léninisme tenant compte des réalités de la Chine. Ainsi, il hisse la bannière d’une «Nouvelle Révolution Démocratique», sous laquelle, il réunit toutes les classes révolutionnaires et engage la lutte pour l’indépendance nationale et le bonheur du Peuple chinois. En examinant la société chinoise et sa structure de classe et en tirant les leçons de l’histoire du pays, le Parti Communiste Chinois relève que « pour vaincre l’impérialisme et le féodalisme, remporter la victoire complète de la révolution chinoise, il doit s’organiser avec toutes les forces progressistes pour former une forte synergie ».

A cet effet, le PCC fait la proposition de mettre en place un « Front Uni Démocratique », d’où la première coopération entre le Parti Communiste Chinois et le Kuomintang, au nom de l’intérêt fondamental de la nation chinoise. En 1948, dans son célèbre « Appel du 1er Mai», le Parti Communiste Chinois propose de convoquer « une Nouvelle Conférence de Consultation Politique » et de mettre en place « un gouvernement de coalition démocratique ». Cette proposition reçoit une réponse favorable de la part des Partis démocratiques et des Indépendants.

Les Partis politiques non communistes, fondés pour la plupart pendant la guerre de résistance contre l’agression japonaise (1937-1945) et la guerre de libération (1945-1949), étaient enracinés dans la bourgeoisie nationale et la petite bourgeoisie urbaine. Ces Partis politiques dont l’agenda portait sur l’anti-impérialisme et le patriotisme constituaient la force progressiste de la société chinoise. Pendant la guerre contre le Japon, ces Partis se joindront au Front National Uni dirigé par le Parti Communiste Chinois.

Suite à la victoire contre le Japon, lesdits Partis se joindront au PCC pour s’opposer à la politique dictatoriale de Chiang Kai-shek. Ce dernier et ses alliés provoquent la guerre civile. Les Partis qui ont répondu favorablement à l ‘«Appel du 1er Mai», déclarent leur engagement à travailler ensemble sous la direction du PCC pour la fondation d’une Chine nouvelle. S’affirmant comme porte-étendard, guide de la nouvelle révolution démocratique le PCC a établi sa position de leader parmi les forces révolutionnaires chinoises à travers de dures épreuves.

Au regard de la réalité sur le terrain, les Partis démocratiques et les Indépendants choisissent d’accepter la direction du Parti Communiste Chinois. La première Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC), tenue en septembre 1949 marque la mise en place officielle du système de coopération multipartite et de consultation politique sous la direction du Parti Communiste Chinois. Par ce système  le PCC, les Partis démocratiques et les Indépendants travaillent ensemble dans la conduite du pouvoir étatique de la Chine nouvelle.

Dès la fondation de la République Populaire de Chine, le PCC renforce son unité et sa coopération avec les Partis démocratiques et s’emploie à faire progresser le système de coopération multipartite. En 1956, à la lumière des profonds changements survenus dans la société chinoise, « le principe de coexistence à long terme et de contrôle mutuel» est posé. Cela signifie que les Partis démocratiques existeront aussi longtemps que le PCC existera. Ce principe établit le cadre de base de la coopération multipartite dans la Chine nouvelle.

Deng Xiaoping

En 1978, avec la mise en œuvre de la politique de la Réforme et de l’Ouverture, la deuxième génération de leadership du PCC avec à sa tête Den Xiaoping, mène une étude approfondie sur les expériences acquises depuis 1949. Des mesures seront prises apportant des aménagements dans le domaine de la coopération multipartite et dans l’interaction du PCC avec les autres Partis. Il sera précisé que « chaque Parti est par nature une union politique du groupe de travailleurs socialistes et de patriotes prosocialistes et que la coopération multipartite est une qualité unique du système politique chinois ». Les Partis y collaboreront  avec sincérité.

En 1989, la quatrième session plénière du treizième Comité Central du PCC tire les leçons de l’effondrement de l’Union Soviétique et des anciens pays socialistes d’Europe de l’Est et des troubles politiques survenus en Chine. Le 31 décembre 1989, suite à des concertations avec les Partis démocratiques et les Indépendants, le Comité Central du PCC promulgue « l’opinion du Comité Central du PCC sur le maintien et l’amélioration du système du multipartisme ».

Lors du 16ème Congrès National, le Comité Central du PCC examine la situation intérieure du pays et les expériences acquises depuis 1978. Il engage des actions fortes pour le «développement régulier et solide de la coopération multipartite» en vue de promouvoir le développement politique socialiste avec des caractéristiques chinoises.

En 2005 et 2006, le Comité Central du PCC publie trois documents qui édifient sur «l’Opinion du Comité Central du PCC, le renforcement du système de coopération multipartite et de consultation politique, le renforcement du travail du PCC, et l’Opinion du Comité Central du PCC sur la consolidation et le renforcement du Front Uni dans la nouvelle période. En 2007, le Bureau d’information du Conseil d’État publie « un livre blanc sur le système politique en Chine».

Ce document présente un examen exhaustif du passé du système de coopération multipartite chinois, et clarifie davantage le rôle des Partis démocratiques dans la construction de la Chine et dans la promotion de la démocratie socialiste. Il note que c’est le «système de coopération multipartite qui est la particularité et la force du système politique en Chine».

Depuis le XVIIIème Congrès du Parti Communiste Chinois tenu en 2012, la nouvelle équipe dirigeante ayant Xi Jinping comme Secrétaire Général conduit le Parti et le Peuple Chinois multiethnique à affronter les défis, en approfondissant la politique de la Réforme et de l’Ouverture, en modernisant le système et la capacité de gouvernance de l’Etat, en rassemblant les forces afin de réaliser «le rêve chinois pour le renouveau de la Nation Chinoise».

Une nouvelle page de l’histoire glorieuse de la Chine nouvelle s’est ouverte. La pratique politique dans l’histoire contemporaine de la Chine prouve à suffisance que la construction de tout système politique doit être basée sur les conditions propres du pays. Le «copier-coller» ou le mimétisme aveugle de modèles étrangers ne peut pas réussir en Chine pour la simple raison que lesdits modèles ne répondent pas aux réalités du peuple Chinois multiethnique. Le système de coopération multipartite de la Chine est le produit de l’histoire du pays, de la combinaison du Marxisme-Léninisme avec la situation propre à la Chine et des expériences de lutte du Parti Communiste Chinois et des Partis alliés.

Ce système répond aux exigences inhérentes au développement économique, social et culturel  de la Chine. Puissent les pays en développement, notamment d’Afrique trouver en la Chine une source d’inspiration afin de répondre à hauteur de souhait aux aspirations profondes des peuples à vivre une vie meilleure pour la construction de la Communauté de Destin pour l’Humanité.

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