vendredi, mars 22

La «double circulation» de Xi Jinping

La Chine souhaite développer son marché intérieur pour réduire sa dépendance aux exportations, pour cela, Beijing a lancé une nouvelle stratégie de « double circulation ».

Dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19, la guerre commerciale avec les États-Unis, et les tensions commerciales avec certains pays occidentaux, la Chine veut en finir avec sa transition économique.

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Le changement de politique repose entre autre sur le développement du marché intérieur. Le 14ème plan quinquennal a ainsi fixé les grandes orientations économiques de la Chine jusqu’en 2025.

Ainsi, le plan se concentrera sur trois aspects : atteindre une croissance économique tirée par une consommation intérieure stabilisée ; renforcer les zones de faiblesse ; et approfondir les réformes globales, a indiqué Cong Yi, professeur à l’Université des finances et d’économie de Tianjin, au journal Global Times.

L’idée de «double circulation» apparaît notamment dans des schémas réalisés par des économistes d’ICBC International, filiale hongkongaise de la banque chinoise. En effet, les économistes d’ICBC International, Wang Yuzhe et Cheng Shi, ont fait valoir que ce concept était basé sur trois tendances clés :

  • s’appuyer sur l’échelle de l’économie intérieure de la Chine et sur l’espace politique disponible et à mieux utiliser les ressources économiques existantes.
  • la consommation intérieure et la modernisation industrielle qui forment une boucle plus fermée, contribuant à créer un nouveau moteur de croissance dans le contexte de l’évolution des modèles commerciaux mondiaux et des chaînes de valeur.
  • la réforme et l’ouverture, en particulier en termes de marchés de facteurs améliorant l’efficacité de l’allocation des ressources et l’ouverture du secteur financier aidant à relier activement les «cycles» internes et externes.

Cette stratégie « démontre que la Chine reconnaît qu’elle ne pourra plus autant s’appuyer sur le commerce », a analysé Stephen Olson, chercheur à la fondation Hinrich, d’autant que « la poursuite d’une intégration économique profonde avec la Chine est de plus en plus considérée aux États-Unis comme une erreur stratégique ».

Les tarifs douaniers mis en place par l’ancien président américain Donald Trump ont déjà provoqué une diminution des échanges entre la Chine et les Etats-Unis. Ces derniers restent le pays avec lequel la Chine commerce le plus, mais sur le plan régional, l’Union européenne devance désormais l’Amérique du Nord.

«La position de mon pays dans l’économie mondiale continuera à s’affirmer, nos liens avec l’économie mondiale se resserreront, les opportunités de marché que nous offrons à d’autres pays s’élargiront, et [nous deviendrons] un champ gravitationnel massif pour attirer les produits internationaux et les ressources-clés», a déclaré le président chinois Xi Jinping le 24 août.

Face à la conjoncture actuellement, la Chine encourage les entreprises étrangères installées en Chine à produire davantage pour le marché intérieur. En juillet dernier, les investissements étrangers directs dans le pays étaient en hausse de 12,2% par rapport à l’année précédente, alors qu’ils devraient reculer de plus de 30% en 2020 au niveau mondial.

Confrontée à d’importants défis économiques et sociaux, la Chine mise toujours sur le commerce extérieur pour tirer son économie dans les prochains mois. Le basculement vers le marché intérieur sera progressif, mais potentiellement douloureux.

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